Les événements de janvier 2015 n’en finissent pas de faire des victimes. La Laïcité est en ligne de mire. Une conjuration hétéroclite rêve de faire retentir l’hallali pour signifier que la bête poursuivie sera bientôt aux abois. Malmener la Laïcité devient le jeu préféré des élites de gauche qui hésitent entre pusillanimité et calcul à courte vue. Comme d’habitude, l’inculture civique et politique nourrit les bonnes intentions. Plus que jamais se pose la question de l’instauration d’un certificat de compétence à exercer un mandat électif tant la négligence des fondamentaux républicains est criante.
La loi du 9 janvier 1905 passe régulièrement à la moulinette. Quand le parti socialiste actionne la manivelle, le gâchis est au rendez-vous. Selon ce texte fondateur qui permet l’exercice de tous les cultes, l’Etat n’est pas autorisé à se mêler de l’organisation interne des cultes et encore moins du financement des lieux de leur exercice. La loi garantit le libre exercice des cultes et promeut le respect de l'ordre public conformément à ses propres dispositions.
Dans un document rendu public courant février, intitulé Faire vivre la république (rapport d’étape du 30 janvier 2015), le parti socialiste fait d’étonnantes propositions qui en disent long sur la compréhension et l’interprétation de la loi de décembre 1905. Il est en effet question de proposer que l’Etat prenne en charge la formation des cadres religieux et contribue à la création d’établissements privés sous contrat. Il pourrait, en outre, aider à « recenser les besoins en lieux de culte et examiner les moyens de répondre aux manques dans certaines parties du territoire ». L’article 2 de la loi de 1905, non abolie à ce jour dit pourtant explicitement que « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». Le 26 février 2015, Laurent Dutheil, secrétaire national à la Laïcité et aux institutions, déclare dans un communiqué que le parti socialiste « s’engage sans faille aux côtés du gouvernement pour la réussite de ces initiatives sans précédent de concorde nationale ». L’association EGALE (http://www.egale.eu/news/873/264/C-EST-TROP-DES-ANTI-LAiQUES-AU-PS.html) s’est élevée contre les mesures annoncées par Bernard Cazeneuve.
L’Etat peut-il se substituer aux cultes pour organiser les pratiques religieuses ? Disant vouloir défendre l’Islam, le parti socialiste montre au contraire qu’il veut tenir ce culte par la main et l’organiser à sa façon. Légiférer en fonction de circonstances particulières et avec des arrières pensées ne contribue jamais à élever le débat. Le parti socialiste se prend-t-il à rêver à une situation antérieure à la loi de séparation des églises et de l’Etat quand l’église mangeait dans la main du pouvoir ?
La Laïcité ne peut se développer par le biais d’accommodements déraisonnables qui consisteraient à s’immiscer dans l’organisation interne des cultes. Si la Laïcité contribue à l’idéal républicain, c’est parce que la République respecte tous les cultes et garantit pleinement la liberté de conscience.
Ce débat faussé n’aurait pas lieu, si au lieu de rêver d’aménager les cultes avec l’idée de les dominer, l’Etat se préoccupait de questionner le concordat. La concorde nouvelle serait de réfléchir à l’effacement progressif du Concordat dans lequel l’Etat entretient les personnels religieux comme des fonctionnaires. Payer des prélats comme des préfets contrevient aux principes républicains.