Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous faire partager un article écrit par Sébastien Cochelin, dont Artetvia s’est déjà fait l’écho des concerts de musique vocale, notamment de la musique romantique et de la musique française du début du XXe siècle. Sébastien nous présente Jacques de la Presle, compositeur malheureusement méconnu et pourtant fort intéressant.
Jacques de la Presle est né à Versailles le 5 juillet 1888. Très jeune, il décroche la place de titulaire des grandes orgues de l’église Notre-Dame de Versailles et garde ce poste jusqu’en 1920. Cette même année, il reçoit le second prix de Rome pour sa cantate Don Juan et décroche le grand prix l’année suivante avec Hermione, une autre cantate. Il séjourne à la villa Médicis et enseigne l’harmonie au Conservatoire de Paris (entre 1937 et 1958). Il est également directeur artistique de Radio-Paris à partir de 1930, de la Radiodiffusion jusqu’en 1943. Avec ses pièces d’orgues, ses nombreuses mélodies pour voix, ses œuvres pour piano, sans oublier sa musique de chambre et ses œuvres orchestrales, Jacques de la Presle est un musicien et compositeur complet. Il meurt à Paris en 1969.
Mais l’intérêt de Jacques de la Presle réside aussi, surtout, dans ses qualités littéraires. Comme Schumann pour les poètes romantiques allemands, il éprouve le même rapport amoureux à la poésie française de son temps. Nombre de grands poètes sont ainsi mis en musique, avec une lecture particulièrement pénétrante. Jacques de la Presle au fond de lui est un mystique et un amoureux, il reprend la Prière de Francis Jammes (1868-1938) et les Heures d’Emile Verhaeren (1855-1916) pour en faire de grandes odes à l’amour.
Chaque heure, où je songe à ta bonté
Si simplement profonde,
Je me confonds en prières vers toi.
Je suis venu si tard
Vers la douceur de ton regard,
Et de si loin vers tes deux mains tendues,
Tranquillement, par à travers les étendues! (Heure claire)
Ainsi au fil des partitions se dessinent une vision de la religion qui se veut aérienne et paisible, et le visage de sa femme qu’il célèbre avec une tendresse sans égal. C’est une musique qui prend le « je » des poètes pour se l’approprier.
Un grand regret : il existe très peu d’enregistrements de Jacques de la Presle. Les éditions sortent au compte-gouttes. Nous pouvons néanmoins profiter de ce formidable morceau pour harpe : le Jardin Mouillé.
A noter que Sébastien aura la joie de vous proposer à côté de Fauré, Ravel, Duparc… 4 morceaux de Jacques de la Presle :
- Le cycle Les heures (3 mélodies), d’après des textes d’Emile Verhaeren : une méditation sur l’amour, rythmé au cours d’une journée, les heures, faisant bien entendu références au bréviaire. On peut y lire un discours mystique doublé d’un discours amoureux.
- Le Vent, du même Verhaeren : sur le thème du vent, Jacques de la Presle déploie ici un grand tableau impressionniste sur la nature sauvage. Un chef-d’oeuvre de l’époque.
Cela se passe le 29 mars à 16h, espace Brémontier.