Chronique : « Le Prince de la Nuit (T7) »
scénario et dessin de Yves Swolfs
Public conseillé : Adulte / grand adolescent (à partir de 16 ans)
Style : Fantastique
Paru aux éditions « Glénat », le 11 mars 2015, 48 pages, 13.90 euros
Share
L’Histoire
Epoque romaine, quelque part dans les terres du peuple Dace*… Kergan, un des deux fils de Panaïcomes, chef de guerre de ta tribut des carpes, attaque une compagnie romaine… Vainqueur, il coupe la tête de son centurion. A son retour, Kergan n’est pas accueilli avec les égards attendus. Il vient de tuer le jeune fils du général en chef de la cavalerie romaine, Julius Quiétus. Ce qui va attiser les représailles de Trajan…
Mais le manque de discernement de Kergan n’est pas la seule raison de cet accueil. Enfant mal aimé et craint depuis sa naissance, il est poursuivi par la haine farouche de son père, depuis que sa mère est morte en couche en le mettant au monde. Pourtant, Kergan, d’une nature belliqueuse et violente, ne désire que trouver sa place, comme successeur officiel de son père. Sur ordre direct du vieux chef, il est envoyé pour négocier avec une autre tribut une alliance contre les envahisseurs romains. Avant de partir, il fait ses adieux à s fiancée, la jeune et douce Lylia..
Ce que j’en pense
Une petite faim d’aventure musclée et sanglante ? Ça tombe bien, Swolfs remet le couvert, 14 ans après (quand même !) le dernier épisode de sa grandiose série fantastique “Le Prince de la Nuit”. Pourtant rien n’indiquait qu’une suite s’annonçait, malgré une fin à demi-ouverte…
Après une longue pause, consacrée à sa série médiévale “Légende”, il retourne à la série qui lui a apporté le succès (mérité !) Évitant soigneusement la suite chronologique (dur, après avoir éliminé son personnage principal), il nous en raconte la préquelle. Bonne pioche ! Quoi de plus intéressant que de raconter la genèse d’un héros (et à fortiori d’un antihéros) ?
Il faut dire que j’avais adoré cette série qui m’avait embarqué dans une malédiction familiale, version “Imax”. Références historiques multiples (on s’y baladait du moyen-âge, jusqu’aux années 40), personnages impressionnants, sens du spectaculaire et du détail, cette histoire de vampire qui traversait les âges, est une des plus belles réussite du genre (pourtant très exploité) que j’ai pu lire.
Swolfs utilisait l’imagerie traditionnelle du vampire, et les aventures sanguinolentes qui vont avec, sans oublier un brin d’érotisme, tout en jouant avec l’interprétation psychiatrique du thème. C’est une des plus belles et intelligentes séries fantastiques adultes que je connaisse.
Ce tome 7 (La première mort) garde donc l’esprit général (Kergan est de retour !) mais plus simplement que dans les deux premiers cycles (j’ai fait l’effort d’en relire l’intégralité). Ici, plus d’aller/retours complexes dans le temps, mais un récit (presque) linéaire.
Pour varier les plaisirs, Swolfs nous entraîne dans une époque peu traitées en BD (le peuple Darce) en lutte avec les envahisseurs romains. Même si notre connaissance sur ce peuple reste assez sommaire, j’ai eu l’impression que Swolf connaissait bien son sujet. Il met en image cette civilisation picaresque (guerriers tout en muscle de l’âge de bronze portant des bonnets phrygiens, druides…) avec un certain réalisme.
Violent et néanmoins touchant, il développe des facettes de son antihéros qu’il avait peu exploité jusqu’à présent et le rendent plus “humain”, plus accessible.
Enfin, si les 2/3 de l’album sont assez calmes, le final est de la pure action, version « vengeance sanguinolente ».
Coté dessin, les planches sont toujours aussi splendides. L’encrage classique (au pinceau ?) fourmille de détails, tout en restant lisible. D’ailleurs, avec le temps, il compose un récit plus aéré, moins dense qu’au début de la série. Spectaculaires et référencées, ses planches sont à tomber !
Les couleurs de Bérangère Marcqueboeucq complètent bien l’ensemble et plonge le dessin dans une ambiance lourde et froide à souhait. Quand je vous dis que c’est du tout bon !!!!