"Le diable s'habille en jogging. Il porte un pull à capuche, façon lascar, mais débonnaire. Crâne rasé et courte barbe, comme le gardien algérien et le gardien américain, pendant la coupe du monde de foot 2014. [...] Sékou est gérant de boutique. De ceux qui emploient les sans-papiers, qui relèvent la maille, qui payent ou ne payent pas, ensuite."
Leur patron est parti, sans leur avoir réglé ni décembre, ni janvier. Alors, les chinoises du salon de beauté ont décidé de mettre tout le monde en grève, avec occupation des lieux 24h/24. Ils vont tous continuer à travailler bien sûr, mais pour eux. La solidarité s'organise, la CGT intervient, une certaine routine de lutte s'installe, les clients sont là, et peu à peu l'espoir naît, il serait même question d'une régularisation possible...
Je n'ai pas lu ce livre dans les meilleures conditions possibles mais j'ai aimé sa structure très particulière, faite de bribes d'interview, de remarques générales, et de petites scènes de vie. J'ai appris beaucoup sur l'extension du cheveux, son utilité esthétique, l'intérêt d'avoir des ongles parfaits pour certaines femmes, mais aussi sur la condition des sans-papiers, leur quotidien et leurs attentes, leur regard sur La France. J'ai peut-être été un peu gênée de ne pas pouvoir suivre certaines personnalités et de ne pas pouvoir mieux les repérer d'un chapitre à l'autre. Cependant, le fouillis apparent de l'écriture de ce roman, que l'on pourrait qualifier de social, reproduit avec brio l'effervescence que l'on pressent exister dans ces boutiques du Xème arrondissement de Paris, si petites et concentrées, remplies d'odeurs et de bruit. Et voir, entendre, et sentir cela était un moment très intéressant.
Editions Plein Jour - 18€ - Janvier 2015