Le canular du Théâtre Goldoni

Publié le 12 mars 2015 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

L’évènement est souvent considéré comme le plus fameux incident de la résistance vénitienne, il a été planifié et organisé par Giuseppe Turcato, dit « Marco », au centre, avec les lunettes sur la photo ci-dessus, le stratège et chef politique de la Brigade Garibaldi.

Tous les partisans qui ont participé à ce coup étaient communistes de la Brigata Biancotto, Giovanni Citton et Otello Morosini étaient revenus des combats près de Cansiglio, Ivone Chinello était également présent…

L’action était initialement prévue le 11 mars 1945, mais en raison d’un raid aérien, le théâtre à été évacué, et les partisans ont donc décidé d’agir dès le lendemain.

Depuis quelques jours, au théâtre Goldoni, la troupe de Elena Zareschi et Nino Crisman (Elena Zareschi était une confidente des services secrets nazis) présentait la pièce de Luigi Pirandello : Vestire gli ignudi (Vêtir ceux qui sont nus écrite entre avril et mai 1922)

Le théâtre était plein de fascistes et d’allemands. Vers 21 heures le 12 mars 1945, l’action d’éclat a commencé. les pompiers et les policiers ont été désarmés et enfermés dans une pièce, les partisans s’étaient recouvert le visage avec des foulards rouges.

Morosini, Citton, Renato De Faveri et Giovanni Guadagnin tenaient à l’écart les hommes du théâtre derrière la scène. Turcato, Mario Borella et Carlo Fevola surveillaient les fascistes dans la salle, tandis que Delfino Pedrali et Giovanni Dinello  contrôlaient l’entrée et la réception. Mario Osetta assurait le contrôle de la sortie arrière du théâtre, en cas d’arrivée de la milice fasciste, et pour garder un œil sur le bateau qui leur servirait pour fuir.

Luigi Busulini “Gigio” avait pour mission d’éteindre toutes les lumières dans le théâtre en cas d’accident.

Maria Teresa Dorigo et Gina De Anna devaient assurer la liaison avec Busulini qui était à l’entrée principale du théâtre. Au dernier moment, Panizzutti avait eu peur et ne participait pas à cette action.

A 21:16 heures, Arcalli, Chinello et Ottone Padoan “Michele” masqué et armés firent irruption sur scène. Des coulisses Citton cria : “Nessuno si muova! Se in teatro c’è spia e traditore fascista venga fuori che riceverà piombo partigiano” (Personne ne bouge ! S’il y a dans le théâtre un espion ou un fasciste, il recevra du plomb des artisans). Chinello, désormais seul dans la lumière déclama  “Veneziani, l’ultimo quarto d’ora per Hitler e i traditori fascisti sta per scoccare. Lottate con noi per la causa della liberazione nazionale e per lo schiacciamento definitivo del nazifascismo. La Liberazione è vicina! Stringetevi intorno al Comitato di Liberazione Nazionale e alle bandiere degli eroici partigiani che combattono per la libertà d’Italia dal giogo nazifascista. Noi lottiamo per poter garantire, attraverso la democrazia progressiva e l’unità di tutti i partiti antifascisti, l’avvenire e la ricostruzione della nostra Patria. A morte il fascismo! Libertà ai popoli! Viva il Fronte della Gioventù!. »

Vénitiens, le dernier quart d’heure pour Hitler et ses complices fascistes et venu. Luttez avec nous pour la libération nationale et l’écrasement final des nazi-fascistes. La Libération est à portée de main ! Ensemble, autour du Comité de Libération Nationale et sous le drapeau des héroïques partisans qui se battent pour libéré l’Italie du joug nazi. Nous luttons pour garantir à travers la démocratie progressiste et l’unité de tous les partis antifasciste, l’avenir et la reconstruction de notre pays. Mort au fascisme ! Liberté pour le Peuple !
Vive le Front de la Jeunesse !

Après avoir raillé les fascistes et les allemands, et s’être moqués d’eaux publiquement, Chinello salua le public avec un sourire « Mesdames et messieurs, bonsoir et à bientôt » pendant que, de chaque coté de la scène, Arcalli et Padoan lançaient de nombreux tracts. Enfin, Citton eût un trait de génie pour immobiliser les fascistes, monté sur scène il dit « Nessuno si muova! Il teatro rimane circondato per mezz’ora! » faisant croire que, demis une demi-heure, le théâtre était encerclé par une armée de partisans armés jusqu’aux dents.

Il y avait de nombreux officiers et soldats de la Garde Nationale, des Chemises noires, de la X mas et de la Wermacht qui tous, restèrent consternés et effrayés.

Les jeunes partisans sont sortis par la porte arrière toujours gardée par Osetta et se sont enfuis. Osetta et Morosini chargés de toutes les armes, se dirigèrent vers les Riva del Carbon, et cachèrent le tout dans la maison des Tenderini, aux Frari.

Le lendemain, la nouvelle s’était répandue dans tout Venise, et quelques jours plus tard, les radios du monde entier relataient ce coup d’éclat.

Cette action fut importante, car elle a rendu confiance dans les partisans et renforcé la détermination de la population qui avait retrouvé le sourire dans la perspective de la libération prochaine de la ville.

N’oublions pas les noms de ces héros :

Franco Arcalli (Kim), Ivone Chinello (Cesco), Ottone Padoan (Michele), Giovanni Citton (Moro), Mario Borella (Livio), Renato De Faveri (Oc), Giovanni Dinello (Borel), Giovanni Guadagnin (Gin), Otello Morosinì (Totò), Mario Osetta (Leo), Delfino Pedrali (Gastone), Maria Teresa Dorigo (Alice), Gina De Anna, Luigi Busulini (Gigio), Carlo Fevola (Cadetto), Giacomo Tenderini (Massimo), prof. Giuseppe Vecchi (Vianello).