Les films sur la guerre ne m’ont jamais vraiment attirée, surtout les drames purs, hors du champ de bataille, qui tournent autour de la famille ou autre drame personnel. Alors quand j’ai lu le synopsis de Suite Française, je ne partais pas avec beaucoup de sympathie :
Été 1940. France. Dans l’attente de nouvelles de son mari prisonnier de guerre, Lucile Angellier mène une existence soumise sous l’oeil inquisiteur de sa belle-mère. L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à loger chez elles le lieutenant Bruno von Falk. Lucile tente de l’éviter mais ne peut bientôt plus ignorer l’attirance qu’elle éprouve pour l’officier…
Et finalement, j’ai été agréablement surprise. Suite Française va bien au-delà du drame en pleine seconde guerre mondiale, il remet en cause les idéaux de patries à travers les yeux d’un officier allemand et d’une charmante Française (campée par Michelle Williams, tout ce qu’il y a de plus Américaine). Saul Dibb a su créer une telle empathie pour ses protagonistes qu’il vous sera difficile de ne pas vous poser cette question : que ferai-je à sa place ? L’amour naissant entre deux camps rivaux, tenter de faire abstraction de la tragédie, que ce soit du côté français en acceptant ses sentiments pour une personne qui participe à un génocide, soutenant les valeurs d’un dictateur, répandant la terreur. Mais aussi du côté allemand, faire comprendre à l’autre que l’on ne partage pas les idées de son dirigeant, mais qu’on est obligé de les suivre, être contraint d’obéir et surtout, faire comprendre qu’on est de bonne foi et digne de confiance.
Mettez-vous à leur place. Les conventions, les croyances, le jugement, l’amour de son pays et la situation se mettent en travers. Suite Française esquisse avec beaucoup de grâce, de sensibilité et de retenue ces doutes dans ce contexte dramatique. Les acteurs sont sublimés par une réalisation et un jeu qui n’en font jamais de trop, une pure délicatesse. Le spectateur est pris à parti entre deux cœurs, entre deux nations, entre deux raisons, et il est tout aussi torturé que les personnages. Michelle Williams est tout en discrétion face à Matthias Schoenaerts qui explose en charisme (on craque pour sa dureté et son côté tendre). Kristin Scott Thomas n’est pas en reste en marâtre aussi solide qu’un roc, cachant avec son soin sa sensibilité.
Suite Française ne fait pas d’éclat, mais il s’apprécie telle une douce mélodie au piano.
Sortie en salles le 18 mars.