Jessica Abel
Janvier 2015
Retrouver Jessica Abel est un plaisir, elle dont on avait adoré chez le même éditeur Ouvert la nuit (récit d'adolescents vampires paumés dans une petite bourgade US), et surtout La Perdida, chez Delcourt.
Ici, elle assure à la fois le scénario et le dessin pour une incursion en triptyque dans le genre de la science-fiction.
Ce livre a bénéficié du soutien du Centre international de la Bande dessinée à l'occasion d'une résidence de l'auteur à Angoulême.
…Mars, après 2110 (*), la planète rouge est terraformée et colonisée depuis déjà quelques années. Les humains nés ici (les Martiates) travaillent pour une cité peu reluisante, et Trix est une jeune femme métisse qui récolte de l'eau dans les champs désertiques de la planète rouge, comme de nombreux autres "fermiers hydroponiques". Mais sa passion, le Hooverderby, sorte de roller sur piste avec contact, se jouant en équipe, la pousse à intégrer les nouvelles sélections.
Elle est finalement retenue, mais la concurrence rude avec la leader en place des Novas, l'équipe phare (Hanna Barbarian), la relègue au rang de simple technicienne.
Un soir, alors qu'elle s'isole dans le désert, non loin de sa ferme, elle tombe nez à nez avec une "bestiole", martien natif non humain, mal en point, qui s'écroule à ses pieds. Trix décide de la recueillir.. et la cache chez ses parents...
Gif tiré du site de l'auteur : http://jessicaabel.com/
Quelle idée de génie que ce derby de roller sur Mars !
Jessica Abel fait tout toute seule : (à part les couleurs assurées par Walter), et on est conquis par ce synopsis déjà original.
La science-fiction en bande dessinée n'a encore pas tout abordé et, lire un récit de cette richesse, mêlant passion sportive, préoccupations géo politiques, sociales, et suspens, le tout mixé dans un zeste d'aventure est fascinant.
Le trait et l'encrage de l'auteure rappellera quelque peu ceux d'un certain Frederik Peeters, et on se prendrait d'ailleurs à vouloir comparer son dernier travail sur "Aama" avec Trish Trash : couleurs très agréables, (réalisées à l'ordinateur), fluidité et sensualité des mouvements et des silhouettes (dont la plupart féminines)..
Est-ce la résidence à Angoulême qui a autant "européanisé" notre américaine ?
Non, car en vérité, elle possédait déjà cette touche personnelle et typique des récits dits "indépendants" là-bas, dont on ressent les similitudes avec notre propre culture. Mais ceci-dit, Jessica a quand-même vécu depuis 2012 avec son mari et ses deux enfants à Angoulême, ce qui s'est traduit par la publication directe en français de l'ouvrage ! Belle leçon "d'intégration" :-)
Toujours est il que ce Trish Trash : rollergirl sur Mars est une très jolie surprise, dont on attend la suite avec impatience.
(*) 8 pages en fin de volume donnent quelques éclaircissements utiles sur le Hooverderby, les Radiocombi(naisons), le débat sur l'accession à la propriété (sur Mars), et les Martiens natifs.