Lewis Caroll (1832-1898) avait de la suite dans les idées.
Après Alice au pays des Merveilles (1865), il publie De l'autre côté du miroir et ce qu'Alice y trouva (1871).
Dans ce comte surréaliste qui tient pour réel le non-existant et qui met en scène un monde à l'envers composé d'un échiquier avec des pièces qui parlent, Alice (qui est un pion voulant devenir Dame si elle parvient à atteindre l'extrémité opposée de l'échiquier) demande à la Reine Rouge pourquoi elle n'avance pas alors qu'elle court. Réponse : "Ici, il faut courir le plus vite possible pour rester au même endroit. Si vous voulez aller ailleurs, il faut courir deux fois plus vite".
Ce paradoxe est aussi une métaphore utilisée en économie (pourquoi une entreprise peut reculer alors qu'elle pense avancer - Les Echos 4/7/2014), en Astrophysique (Le Monde 30/10/2013) ou en Biologie (l'homme doit s'adapter à son environnement le plus vite possible sinon il est éliminé cf. Hypothèse de la Reine Rouge).
Adepte des jeux de mots (1) plutôt que du jeu d'échecs (2), Lewis Caroll nous laisse une bien mystérieuse partie d'échecs (3).
En contre exemple d'Alice, nous vous proposons une partie de Tigran Petrosian (champion du monde de 1963 à 1969), joueur réputé pour entretenir l'illusion de ne rien faire ! (Petrosian : The Art of doing nothing).
(1) Il invente les mots-valise. Exemple avec Snark qui est composé de Snake et Shark. (2) La Lewis Caroll Society a répertorié tous les liens entretenus avec le jeu d'échecs (parties jouées, allusions dans des lettres, . . .) (3) Lewis Caroll - partie d'échecs.
Tigran Petrosian vs Victor Liublinsky (1949)