« La chancelière Merkel a envoyé un signal fort et qui était vraiment nécessaire pour faire avancer les négociations lors du sommet sur la biodiversité, affirme Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Les annonces de l’Allemagne ne vont certes pas aussi loin que le demandait Greenpeace mais elles constituent un pas en avant important dans la recherche de solutions transitoires pour lutter contre la déforestation d’ici 2013(1). La France, elle aussi, doit affirmer son rôle moteur dans la lutte contre la déforestation et la protection de la biodiversité. Après avoir réitéré son engagement pour la protection des forêts tropicales humides, notamment africaines, lors de sa visite en République Démocratique du Congo, Jean-Louis Borloo doit aujourd’hui annoncer les moyens financiers qu’il met au service de ses ambitions, comme vient de le faire Angela Merkel. Le temps n’est plus aux déclarations d’intention, la France doit désormais débloquer des moyens ambitieux, au moins à la hauteur de nos partenaires allemands, pour concrétiser ses engagements ».
Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière à Bonn en marge de la CDB, Greenpeace a demandé la création d’un mécanisme de financement international intitulé Forêts pour le climat pour lutter contre la déforestation. Il serait alimenté par les contributions des pays industrialisés (qui ont, historiquement, le plus contribué à la pollution, aux changements climatiques et à la destruction des forêts dans le monde), au titre de leurs engagements à réduire leurs émissions de carbone. Ces financements constitueraient une incitation pour les pays en développement et apporteraient les moyens nécessaires à la protection des dernières forêts tropicales intactes. Cette initiative s’inscrirait dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques visant à la diminution drastique des émissions de carbone, tout en faisant le lien avec les objectifs de lutte contre la perte de biodiversité.
Greenpeace estime qu’environ 20 à 27 milliards d’euros annuels seront nécessaires pour mettre un terme à la déforestation et protéger la biodiversité dans le monde. Cet effort de financement apparaît raisonnable et réaliste lorsqu’on sait que 20% des émissions mondiales de CO2 proviennent de la déforestation et contribuent donc considérablement au réchauffement climatique. Il est d’autant moins extravagant au regard de la valeur inestimable de la diversité biologique contenue dans les dernières forêts tropicales de la planète.
Le 1er janvier 2013 entrera en vigueur le nouveau protocole international visant à lutter contre les changements climatiques (post-Kyoto), qui devra intégrer des objectifs contraignants de réduction de la déforestation et dégradation forestière.