L’île de Boipeba est une petite île au sud de Salvador de Bahia. Pas de voitures, pas de supermarchés, pas de banques ni de distributeurs! On mange des fruits de mer à longueur de journée. Les paysages sublimes se transforment au gré des marées et des couleurs du ciel. On peut barboter dans des piscines naturelles face à des plages sauvages. On se sent seuls au monde! On se déplace en marchant ( sur la plage ou sur des sentiers de forêt), en prenant un tracteur collectif dans les dunes ou des barques autour de l´île! C’est le paradis, non?
Nous y avons passé 4 jours et cette île est un havre de paix et de beauté naturelle auquel on peut accéder à condition de prendre plusieurs transports terrestres et maritimes et d’être patients. Le trajet est long mais le résultat en vaut la peine. Jugez plutôt!
Une plage de Boipeba parmi d’autres tout aussi sublimes…
Le périple pour y arriver
Tout commence à Salvador. On a pris l’avion depuis Rio car sinon c’était 25 heures de bus! Je ne me sentais vraiment incapable de supporter ça! Comme on vous l’a dit dans le billet précédent, Salvador n´était qu’un escale rapide mais on a adoré revoir le Pelourinho!
Depuis cette ville, le plan était de rejoindre Ilha de Boipeba par un bateau rapide. On pensait se pointer au terminal maritime et prendre le premier bateau en direction de l’île ( avec une escale). Oui, mais ça, ça aurait été beaucoup trop simple et qu’on se le dise: Boipeba N’EST PAS une île facile! La veille, je regarde sur Internet pour avoir une idée de l’heure des départs, histoire de ne pas partir à l’aube pour rien. Et là, je me rends compte que les moyens d’accéder à l’île font l’objet de nombreuses explications super complexes. Je pense que certains se compliquent la vie pour économiser quelques Reais et qu’il doit exister un moyen simple. Erreur! C’est vraiment compliqué!
L’itinéraire est très bizarre : on part du continent, on va sur une île puis sur le continent pour ensuite aller sur une île en suivant le fleuve! Avouez que c’est tordu! On comprend mieux pourquoi on avait lu que l’accès difficile à Boipeba la protégeait des afflux de touristes... J’ai mis pas mal de temps à comprendre l’itinéraire alors je pense que la carte ne sera pas inutile pour votre compréhension.Itinéraire aller Salvador- île de Boipeba
Les îles ressemblent à des péninsules mais ce sont bien des îles! Départ à 7h30 par un bateau qui rejoint l’île d’Itaparica. On pensait que ce serait super rapide vu que c’est juste en face mais on met 50 minutes sur un bateau super bondé qui tangue bien. J’ai déjà le mal de mer! Ça commence bien!Traversée Salvador – Itaparica
On arrive à Mar Grande qui n’était pas l’endroit prévu. On pensait arriver à Bom Despacho où se trouve le départ des bus mais en fait c’était un autre village! ( on a dû louper un truc mais on ne sait pas quoi!!!) Il y a bien des vans mais on doit attendre qu’ils soient pleins pour partir. Benoit n’étant pas adepte de l’attente, il négocie avec un taxi pour un départ immédiat, itinéraire direct et allure de papy pour ma nausée! On a un chauffeur sympa, prudent qui a travaillé 22 ans au Club Med de l’île. Il nous parle de tous les anciens GO français qui ont construit une maison sur l’île. On parcourt toute l’île sur sa longueur, on prend un pont qui rejoint le continent.
Après 1h30 de trajet à siroter un coca dans le taxi, je me sens mieux et nous arrivons à la ville de Valença. De là, on doit prendre un bateau pour notre destination finale. À notre descente du taxi, un type nous dit qu’un bateau est en partance et qu’on doit se dépêcher. Le type nous accompagne en courant vers le guichet puis le quai et au moment de monter sur le bateau, Benoit a un moment de génie : Boipeba? Et là, on nous dit que le bateau va à Morro de Sao Paolo, autrement dit, on ne va pas du tout dans la bonne direction! Trop de précipitation! On apprend quand même de ses erreurs parce qu’on s’ était déjà trompés comme ça au Brésil sur un bateau, ce qui nous avait valu ensuite des heures de bus supplémentaires! La petite vérification avant de monter n’est donc pas inutile! On revient vers la personne qui nous a vendu les tickets, elle nous rembourse sans problème et on va chercher un autre guichet qui vend les tickets pour Boipeba (les indications au-dessus des guichets ne correspondent pas!). On nous annonce que tout est plein dans les 2 heures à venir! Il est 10h, on devrait partir vers 12h. On s’installe dans la « magnifique » gare maritime de Valença. Moi, je somnole sur un banc ( ma pilule anti-nausée !) et Benoit tente de négocier pour embarquer plus tôt en cas de places libres à la dernière minute. Il garde un œil sur le ballet incessant des allers et venues. On se demande comment les gens s’y retrouvent pour prendre le bon bateau : aucune indication, aucun appel! On en a le tourni! Au final, pas moyen de partir plus tôt : les bateaux sont vraiment pleins!
On embarque à midi dans un bateau en bois pour 20 personnes. Ce sera 1h15 de voyage à plein régime sur un fleuve qui serpente entre la végétation. Je me régale du spectacle de la nature vierge. On croise parfois des pirogues qui longent la mangrove…
On arrive finalement à Boipeba. Malgré la fatigue du long trajet ( on est partis depuis plus de 6h), on est enchantés par le décor qui nous attend. Quelques baraques, des restos de plage, le fleuve, la mer. Notre périple n’ est pas tout à fait terminé. Notre hôtel est tout au bout du bout de la plage. On doit encore marcher avec les sacs à dos (on a eu la bonne idée de partir léger) sur la plage en plein soleil. Bon, il y a pire comme décor, j’admets! La prise de photos a été une bonne excuse pour faire des pauses.
Mais ce n’est pas tout, l’hôtel n’est pas seulement au bout de la plage, il est aussi tout en haut du haut de la colline!!! Une marche dans la forêt sur un sentier puis des marches, des marches et des marches ( on apprendra le lendemain que ce qu’on a pris pour un monte-charge était en fait un ascenseur à notre disposition!!! Grrrr!). Je me sens à la limite de l’hypoglycémie, le petit-déjeuner paraît très loin. On arrive dans un cadre sublime, une végétation luxuriante.
Montée vers notre hôtel
Le seul hic est qu’on nous annonce que le resto n’ouvrira que 2 heures plus tard. On n’a pas le courage de redescendre sur la plage! On attendra! Cette nouvelle attente se fait dans un cadre beaucoup plus « nature » que la gare maritime de Valença! Notre bungalow a une terrasse avec un hamac et une vue panoramique sur la forêt et la mer! Magnifique! Repas très attendu, très bon mais très cher. Ce sera le dernier à l’hôtel! On se repose la fin de journée dans notre petit paradis. On peut observer le coucher du soleil depuis un mirador. D’un côté la vue mer et de l’autre la vue sur le fleuve et la mer. On est sur un promontoire avec une vue sublime à 360º. Le long trajet est déjà oublié. On est heureux et impatients de partir à la découverte de l’île.
Vue du mirador de l’hôtel
Jour 1
On se lève avec un ciel très noir et une pluie assez forte! Zut! On prend un copieux petit-déjeuner servi par une jeune femme qui a l’air d’avoir été torturée pour venir travailler! Repli dans la chambre où on bouquine en attendant que ça se calme. Dès que le soleil pointe timidement le bout de son nez, on est partis! On a décidé d’explorer les plages qu’on voit de notre chambre. La réceptionniste nous a expliqué qu’on ne peut passer qu’à marée basse, le matin vers 10h, et ensuite le retour se fait en tracteur! Oui, vous avez bien lu! Sur l’île, il n’y a ni voiture ni bus. La seule solution est le tracteur! On part d’un pas décidé. Comme il ne fait pas chaud, c’est assez facile de marcher vite. On longe la mer. Le ciel couvert me fascine. On assiste à des dégradés de couleurs gris-bleu sublimes. Tout est sauvage et désert.
À un moment donné la pluie reprend et on doit s’ abriter sous de grand arbres pour protéger notre sac. Je veux bien rester sous la pluie des heures dans un cadre pareil! On arrive au passage qui ne peut se faire qu’à marée basse. On est dans un bon timing mais on ne voit pas vraiment où continuer. Tels des trappeurs, on repère des empreintes de pas sur le sable qui nous guident vers le passage.
On arrive à la plage de Morere et ses quelques maisons sur la plage. C’est aussi un petit village. On demande aux habitants comment on peut continuer et ils nous disent qu’on ne peut pas aller plus loin tout seuls, sinon on va se perdre. On les écoute, d’autant plus qu’après 1h30 de marche en tong, on n’est pas tentés par le jeu du Petit Poucet dans la forêt. On a la solution du tracteur! On prend la route du village, une route de sable charmante qui nous conduit au « centre ville » : une église, un bar et une école dont ils ne restent plus que les murs! Là, on se retrouve avec un jeune couple d’Uruguayens qui attend aussi le fameux tracteur. Pas d’horaires bien-sûr, il arrive quand il arrive! Il paraît qu’on vient de rater son passage! Pendant qu’on discute dans un portugnol grand cru, une petite fille noire de 3 ans environ vient nous montrer sa poupée Barbie, très blanche, très maigre et très nue mais avec des dread-locks faits maison! Elle sait ce qu’elle veut : elle veut photographier l’Uruguayen tenant sa Barbie!!! Pour faire la photo, elle prend un mini-lit de poupée rose qui se transforme en appareil photo! Trop mignon! Quand l’Uruguayenne lui propose de faire une vraie photo avec son I-Phone, la petite fille trouve ça très intéressant et l’accapare très vite. Elle multiplie les photos de sa Barbie! Malheur! C’est à cause de ce geste anodin que cette gamine va maintenant réclamer à ses parents cet outil diabolique! Morere l’avait préservée de ça jusque là!
Notre discussion se prolonge de manière un peu décousue entre la politique uruguayenne, le développement durable et les poses avec Barbie! Au bout d’un moment, le tracteur ne pointant toujours pas le bout de son capot, Benoit va discuter avec des jeunes qui ont une moto pour leur demander de nous ramener. C’est ok! On prend 2 motos! Le tracteur arrive à ce moment-là. Moment d’hésitation. Je préférerais le tracteur mais Benoît plutôt les motos. Je ne veux pas décevoir les 2 jeunes qui vont avoir un peu d’action et quelques Reais. Benoit me confie au chauffeur identifié comme le plus prudent, avec la recommandation de prendre soin de sa femme, parce qu’il n’en a qu’une!!! Je monte avec un tout jeune homme qui, bien-sûr, ne porte pas de casque et ne m’en propose pas! Quelle drôle d’idée! À peine partis, on se retrouve à grimper une dune de sable sous une pluie battante qui semblait attendre notre départ pour entrer en scène! Je n’arrive pas à ouvrir les yeux à cause de la pluie! Je me demande comment il fait pour contrôler sa trajectoire, la moto n’est pas du tout stable! On dérape dans le sable, il gigote pour maintenir l’équilibre et moi je suis agrippée à lui, essayant de suivre le mouvement pour ne surtout pas gêner son exercice d’équilibriste. J’essaie de ne pas penser aux conséquences d’une chute : p’tite Nath écrabouillée sous la moto, vol plané dans les épineux. Benoit semble beaucoup plus à l’aise que moi, il arrive même à tourner la tête pour nous regarder! Arrivés en haut de la dune, on doit redescendre et franchement ce n’est pas rassurant! Maintenant, c’est sûr, je ne ferai jamais le Paris-Dakar à moto! Mon chauffeur prend de l’assurance et double même son copain. Nous voici lancés à vive allure! Léger stress… :-( À un moment, on s’ arrête. On ne voit plus l’autre moto. Il tombe des cordes. Je lui demande pourquoi on s’ arrête. Il me dit qu’on est arrivés! Ah! Il y a quelques maisons, des « charrettes » que traînent les tracteurs. OK, on va dire qu’on est à la gare routière de Boipeba! Benoit arrive. On salue rapidement nos chauffeurs et on continue à pied. On ne sait pas où on est! On découvre que le village est beaucoup plus grand que ce qu’on imaginait depuis la plage. Il y a même des intersections où on doit demander le chemin de la plage à plusieurs reprises. On ne doit pas avoir fière allure complètement détrempés, avec nos vêtements collés et nos cheveux dégoulinants. On finit par rejoindre la plage. Des bateaux déversent des touristes sur les restos de fruits de mer. C’est le week-end! On préfère s’éloigner de la « cohue » et on mange sur une charmante petite terrasse une fricassée de fruits de mer vraiment délicieuse, avec un accueil souriant et plein d’énergie. On passe l’après-midi tranquilles sur notre colline!
Le lendemain, on va faire le tour de l’île en bateau! Une journée sublime sous un soleil de plomb que je vous raconte dans le prochain billet! Et les aventures ne sont pas terminées! À suivre!