L'écrivain national

Publié le 11 mars 2015 par Lecteur34000

« L’écrivain national »

JONCOUR Serge

(Flammarion)

L’Ecrivain s’installe en résidence dans une petite bourgade du Morvan. Une modeste notoriété, mais suffisante pour que le maire de la dite bourgade greffe à cet Ecrivain le qualificatif de « national » au cours d’un discours de bienvenue. Une bourgade où vient de se produire ce qui relève du fait divers : l’étrange disparition d’un vieux baroudeur. Les pandores ont embastillé son locataire, un marginal qui vivait de petits trafics mais auquel la rumeur publique prêtait beaucoup plus que ce dont il semblait disposer. L’Ecrivain n’aura de cesse de rencontrer la compagne de ce marginal, une mystérieuse hongroise. Contre l’avis des libraires qui ont organisé sa résidence, mais aussi de la quasi-totalité de la communauté villageoise. Contre l’avis de l’aubergiste qui l’héberge et veille sur les errements de son « prestigieux » invité. La disparation du vieux baroudeur devenu maraîcher n’étant pas élucidée, l’Ecrivain mène sa propre enquête. Il découvre alors une réalité beaucoup moins souriante. Avec ses gros sabots de rural en sursis, il met les pieds là où il ne le faut pas, sur les territoires que se préparent à occuper de discrets investisseurs.

Tous ces ingrédients et quelques autres rendent agréables l’approche de ce roman. Il y a comme du Dhôtel dans la façon de décrire le monde de la forêt. Il y a une intrigue habilement conduite jusqu’à son terme. Mais le Lecteur ne fut pas vraiment séduit, rébarbatif qu’il fut à la rencontre fort convenue du monde paysan, des gens de la terre dont les portraits se rapprochent un peu trop des caricatures traditionnelles. Même s’il a apprécié les pages qui narrent les errances de l’Ecrivain au profond d’une forêt qui lui devient hostile, qui lui révèle sa grande fragilité. Cette sorte de Candide est certes sympathique. Mais sa façon d’assumer les tares idéologiques qui prévalent au sein de la société qui lui est d’ordinaire familière, cette façon-là a parfois indisposé le Lecteur qui n’a pas succombé au charme. Qui donc s’est tenu à distance, comme rétif aux circonvolutions imaginées par Joncour, entre fiction policière et évocations autobiographiques, le tout agrémenté d’une peinture sociale qui lui semble abuser de trop de lieux communs.

Autour d'un verre avec Serge Joncour