Quand je suis allé en Inde apprendre l’Ayurveda, j’ai fait très rapidement la connaissance du ghee. C’était lors de mon premier déjeuner. Le Docteur Bhutada, mon professeur, a fait irruption dans le restaurant de l’ashram. Il m’a repéré devant mon plateau repas. Il a pris un pot d’un liquide huileux et ambré ; il en a mélangé derechef deux cuillerées à mon riz. Je fus horrifié, étant habituellement d’une prudence de sioux aux tables tropicales. Devant mon air interloqué, il me dit simplement dans son anglais rugueux : « C’est du ghee. C’est très bon pour la santé. » Je ne pouvais me dérober. Ce n’était pas mauvais, et même plutôt bon. Je découvrais le beurre clarifié, l’une des stars de l’ayurveda depuis des millénaires. En langue sanskrite, le ghee est du beurre clarifié.
J’ai retrouvé le ghee dès le lendemain matin, au centre médical. Chaque jour, Anil, un thérapeute hindou, avait la charge d’allumer une flamme devant l’effigie du Dieu de l’ayurveda, Dhanvantari. La flamme ne faiblissait jamais toutau long de la journée, ce qui a fini par m’intriguer. « C’est du ghee, m’a révélé Anil, du pur ghee, ça purifie l’air ». Toute l’équipe thérapeutique se réunissait au début de la journée, attendait les premiers patients pour prier Dhanvantari. Le ghee a une valeur profondément spirituelle. Pas une « pudja » (bénédiction) sans ghee : on l’utilise dans l’hindouisme depuis des millénaires à l’occasion de toutes les cérémonies religieuses. C’est qu’il provient d’un animal sacré entre tous : la vache !
Une fois la prière chantée, dans les centres ayurvédiques, le ghee est encore présent toute la journée. D’abord lors des massages. Les thérapeutes qui m’initiaient aux soins, à Lonavala, utilisaient une agréable pâte blanche : du ghee longuement mélangé à de l’eau froide dans une grande coupelle de cuivre. Le centre dirigé par le Docteur Bhutada est spécialiste du panchakarma, système de purification de l’organisme, au cœur des nombreuses thérapies de l’ayurveda. Car la maladie, selon l’ayurveda, se déclare quand ama, un tissu de toxines non évacuées, prend des proportions trop importantes. L’essentiel de l’ayurveda, et le ghee en prend sa part, consiste en une chasse constante aux toxines.
Outre les applications sur la peau, le ghee est utilisé dans diverses potions ayurvédiques, combiné à des plantes médicinales, ou ajouté ensuite à l’alimentation quotidienne. Que l’on rejoigne un centre ayurvédique pour abaisser son stress ou en finir avec le surmenage, le ghee permet, lors de cures, de retrouver vigueur et joie de vivre. Dans « La santé par l’Ayurvéda » (éditions Turiya), le Docteur David Frawley, sommité mondiale du yoga et de l’ayurveda, résume ainsi les propriétés du beurre clarifié : « Il est très bon pour équilibrer nos énergies Pitta (le feu) ou Vata (l’air). En revanche, il peut ne pas être bon pour l’énergie Kapha (l’eau, la terre). » Gras, il peut en effet nuire aux personnes aux artères fragiles, souffrant d’obésité, de fièvres ou d’infections. Sinon, ces précautions mises à part, le ghee a d’étonnantes capacités à tonifier et à régénérer les organismes, que ce soit pour les femmes enceintes, les problèmes de croissance des enfants, l’anémie des personnes âgées. Il favorise l’assimilation des aliments (ce qui n’empêche pas de bien mâcher sa nourriture, première des conditions d’une bonne santé) ! Le ghee accentue la vitalité sexuelle. Il fortifie le système nerveux, détérioré le plus souvent par un assèchement progressif des cellules. Le ghee rétablit leur lubrification. Ainsi peut-on affirmer qu’il nourrit le cerveau et tous les tissus du corps, permettant notamment aux personnes convalescentes de reprendre du poids. Le ghee excelle contre les soucis gastriques. Comme s’il tapissait l’estomac pour empêcher toute inflammation, en chassant les impuretés, et en favorisant les sucs gastriques. En termes ayurvédiques, le ghee fortifie Agni – le feu digestif. Le ghee est légèrement laxatif. En faire ? C’est tout bête. A la portée de chacun. Faites réchauffer du beurre dans une casserole en fonte à feu très doux. Au bout d’une vingtaine de minutes, des particules blanchâtres apparaissent. Retirez-les à mesure qu’elles se forment, à l’aide d’une passoire par exemple. Quand le beurre fondu devient brunâtre, verser-le dans un bocal à foie gras ou à confiture et laissez-le refroidir. Paresseux de nature, j’en achète personnellement du tout fait. Le ghee bio proposé par Beendhi est une pure merveille. Je l’atteste pour l’avoir adopté. Comme en Inde, une flamme est toujours présente dans mon cabinet ayurvédique. Et je ne sers jamais une assiette de riz à mes invités sans y mélanger une cuillerée de ghee ! Un jour, à Lonavala, en multipliant les massages ayurvédiques, j’ai remis sur pieds un étudiant en yoga, Neeraj, qui avait eu la dengue. Ainsi a-t-il réussi ses examens. Je devins du coup la coqueluche de toute la promotion. Ces étudiants venaient de partout en Inde, pour décrocher leur diplôme dans cette école réputée du Maharashtra. Dès lors, le moindre de mes déplacements à travers tout le pays transitait obligatoirement par des visites à mes copains yogis. De la sorte, j’ai pu observer la vocation géographique du ghee. Plus on monte vers le nord, au climat très continental, donc de plus en plus aride, plus il y a de ghee dans les plats. En outre, le ghee a la particularité de se conserver facilement et longtemps à température ambiante, ce qui convient depuis toujours aux contrées chaudes : l’électricité et les réfrigérateurs sont vraiment récents par rapport à l’ayurveda millénaire. Plus on descend vers le sud, baigné par l’Océan Indien, plus le ghee se raréfie dans les forêts abondantes du Kerala : la noix de coco, vous le comprendrez, parfume tous les plats. Le ghee n’a jamais dit son dernier mot ! Il a beau se raréfier si l’on descend vers les états du sud, vous en trouverez tout de même dans tous les restaurants. Les délicieux « roti », prononcez « roudi » en malayalam – sorte de naan plus connus des occidentaux – vous arrivent sur la table, luisants et dorés. C’est qu’ils ont été balayés au pinceau avec du ghee. A dévorer de bon cœur ! Eric Bhat Thérapeute ayurvédique http://ayurvedaparisfr.fr Contact : [email protected] Et pour acheter du ghee, rendez-vous sur le e-shop Beendhi !