Prenons Malick. Le prénom est volontairement changé pour des motifs évidents de confidentialité vous comprendrez pourquoi par la suite. Il est hors de question de porter atteinte à l'honneur d'un collègue qui me fait le privilège de partager tous ses petits secrets de course. Dans ce billet, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.
Malick. Bel homme ménager de plus de 50 ans lit Shakespeare dans le texte regarde ARTE en Replay sur son I-Pad fait ses achats de meuble chez Drouot. Malick a couru le semi-marathon de Paris dimanche dernier. Est engagé sur le marathon de Paris du 12 avril prochain. Courra aux côtés de la joelette le semi-marathon de Bordeaux le samedi 18 avril 2015 à 21h30. Réservez vos places à l'arrivée.
Malick. Coureur peu expérimenté certes mais rameur hors pair sur la Marne décide de s'élancer après 2 mois d'entraînement sur le macadam parisien aux alentours de 11h dimanche 8 mars 2015.
Voici Malick dans l'effort, constatez que sa réputation de beau gosse est loin d'être usurpée. Le swing est en lui. " To jog " est son credo. Ophélie Winter dans l'oreillette, " Dieu m'a donné la foi tout au fond de mouaaah qui guideuuu mes pas ahahaha " (clic).
Je vois deux moues dubitatives dans le lectorat. Quoi ? Malick est habillé comme en hiver par 20° à l'ombre ? Et alors ? ça gêne quelqu'un ? Pour Malick la classe le style c'est 99% de l'effort. Une fois en tenue, ce dernier regard qu'il lance à son miroir, ce clin d'œil complice à lui-même, c'est sa victoire sur le temps qui passe.
Malick a accessoirement un cœur qui bat. C'est important pour préparer le marathon de Paris, celui de Bordeaux ou toute autre course d'endurance. Malick est équipé du dernier cri technologique. Sa Garmin 620 en langue tchèque ne quitte pratiquement jamais son délicat poignet d'ébène. Mais Malick a un gros défaut : il ne sait pas lire l'heure, ou plutôt il rechigne à lire l'heure. Et les pulsations qui s'affichent sur sa GARMIN. Pour lui la montre est le propre de l'homme moderne certes, mais de l'homme moderne racé qui n'abaisse pas son regard sur le constat de contingences matérielles et corporelles. L'homme commande, l'intendance suit, l'homme décide de faire 2h sur semi, le corps suit, enfin... presque. Le corps suit pendant 15 bornes et après c'est la panne. Surrégime de l'alimentation motrice. Le bipède se résout à la fatalité des jambes qui parlent crampes et tétanie, un langage châtié jusqu'alors ignoré qui devient spontanément compréhensible sans traduction.
Pour des raisons évidentes de sécurité, la mienne en l'occurrence, j'ai peur que Malick me colle une mandale, je ne vous révélerai pas le temps final de Malick. C'est le site d'ASO qui va le faire.
Malick si tu me lis, ne fais pas de connerie. Parcours tout bien le mode d'emploi de ta Garmin, fais un reset complet et arrête de faire n'importe quoi quand tu cours alors que dans le boulot tu es l'être le plus rationnellement méthodique que je connaisse.
Terminons sur le proverbe sénégalais de tout marathonien de Bordeaux, de Paris ou d'ailleurs : qui veut courir loin ménage sa monture, connaît ses pulsations cibles à la vitesse cible et regarde sa Garmin toutes les minutes pour voir son cœur qui bat. A mettre en parallèle du fameux : quelque soit la taille du sexe, la dernière goutte d'urine retombe toujours entre les jambes.
Billet sponsorisé par le Club des cardiologues du sport (clic). Naaan j'déconne !