Il y a quelques jours, je suis tombée sur la photo de Blake Lively.
Blake c’est l’actrice qui a joué dans Gossip Girl (la blonde) (ai jamais regardé cette série, ça me disait rien de chez rien).
Entrepreneuse, elle a lancé un site internet lifestyle Preserve US. C’est la femme de Ryan Reynolds aka l’autre Ryan aka je suis presque aussi beau gosse que Ryan Gosling. Ils viennent d’avoir un bébé.
Je tombe donc sur la photo de Blake (ci dessous) à la fashion week de New York, mi février.
Je regarde, je me dis que Blake a une jolie robe, de jolis cheveux et un bidon qui semble ne pas savoir ce que signifie mauvaise digestion et ballonnements.
Gossipeuse que je suis, je me souviens alors qu’elle a accouché, il y a près de deux mois.
Je lis ensuite le reste de l’article avec des commentaires de la journaliste, s’émerveillant de la ligne magnifique de l’actrice, de ce corps mince, tonique. D’autres articles font mention de sa routine sportive et alimentaire pendant et juste après la grossesse. Les jus de fruits, les smoothies légumes et les viandes maigres ont été ses pinesco alimentaires. Le yoga, la marche et le cardio-training également.
Je lis d’autres articles et je me sens vite irritée. Les articles sont dythirambiques pour la féliciter sur cette perte de poids spectaculaire. Les gens sont ravis de voir Blake avec une telle silhouette en un temps record.
Eeeuuuh depuis quand, on est censé gagner une coupe ou une médaille en chocolat pour avoir perdu du poids rapidement après une grossesse ?
Je me suis souvent faite la réflexion que le jour où je serais enceinte et après accouchement, ce sera le moment où je pourrais faire fi de tout. VRAIMENT de tout. Je pourrais me balader en jogging tout pourri. Manger ce que je veux, sans culpabilité (ah non, ça en fait je le fais déjà :-)). Voir l’effet que les hormones produisent sur mon corps, mon alimentation et mes humeurs. Bref, je pourrais enfin me lâcher, parce que pour moi, le moment de la grossesse semble un moment tellement particulier et parfois contraignant que l’on n’a pas envie d’être emmerdée.
Je suis pas en train de dire que ça devra être l’orgie incontrôlable, mais disons que ce sera un bon moment pour lâcher prise.
Bon et en pensant à Blake, je me disais que déjà que les médias ne sont pas très tendres avec les personnalités publiques, lorsqu’elles prennent du poids ou lorsqu’elles ont une poussée d’acné. Mais depuis quelques temps, j’ai la sensation que cette critique du corps s’étend aussi aux femmes enceintes. J’ai senti un changement lorsque Kim Kardashian est tombée enceinte. J’avais lu beaucoup de réflexions méchantes sur son corps. Et je me disais, bah oui les mecs, son corps change, elle est enceinte c’est tout, pas besoin de lui rentrer dans le lard.
Elle a d’ailleurs fini par se cacher (et pour elle c’est un exploit vraiment de ne pas montrer sa trogne) pendant plusieurs mois, juste avant et juste après l’accouchement histoire de retrouver la ligne en un claquement de doigts et de resortir de derrière les fagots pour faire : hey les gars, look at me, comme je suis redevenue bonne.
Il y a la comédienne Rosamund Pike (Amy Dans Gone Girl) qui est arrivée au Golden Globes avec une robe haute couture. Pas mal de chroniqueurs et de gens sur twitters, ont salué son courage d’exposer son corps après sa grossesse sans avoir perdu tous ses kilos ou parlant de sa robe rappelant continuellement que : hey, ho, bon, elle vient d’accoucher hein, donc bon c’est normal qu’elle ne ressemble pas à grand chose (je pousse le trait, mais dans l’idée c’était ça).
Ces réflexions, ça pousse vers la norme du « perds vite ces kilos ou honte sur toi, vas te cacher » ou d’un insidieux « ok, tu es enceintes, mais il te faut te contrôler, prend pas trop de kilos » . Ok, le monde des stars, n’est que rarement un modèle de diversité, mais la chasse a l’imperfection se fait partout, même à un moment où l’on est censé pouvoir (selon moi) lâcher prise de son apparence. Si même enceinte, on peut pas être peinarde. Alors que merde, chaque femme vivra sa grossesse différement ainsi que sa perte de poids post accouchement. Ayant cotoyé plusieurs mamans ces derniers années, j’ai vu que justement il n’y avait pas de règles en terme de grossesse et d’accouchement. Certaines s’attendront à beaucoup grossir, mais auront une prise de poids lambda et perdront rapidement, d’autres auront du mal à se débarrasser de leurs kilos de grossesse et mettront du temps. D’autres ne seront pas mécontentes d’avoir grossi. D’autres auront tout perdu en l’espace de quelques semaines.
J’ai pas mal évoqué les médias, mais nous en tant qu’individus, où est ce que l’on se situe là dedans. J’ai longtemps été la première à cliquer sur ces photos avant/après de stars ayant perdu du poids de manière exponentielle juste après leur grossesse. Je me disais waouh, c’est impressionnant. Maintenant, je ne zieute plus tout ça avec autant d’admiration. Je me pose des questions. Pourquoi admirer une perte de poids express ? Et puis on a beau essayé de ne pas s’extraire du conditionnement, il est parfois dur de garder la tête froide et de conserver à l’esprit que pour arriver à perdre 10/15/20 kilos de grossesse, les stars ont bénéficié de coachs, cuisiniers, salles de sport dispos 24/24 et j’en passe.
Je pense que je me projette, je me dis que si moi je me retrouve enceinte un jour, j’espère, oh oui putain j’espère que je me serais bien extirpée de ce conditionnement et que j’aurais la patience et la bienveillance de laisser mon corps se délester des kilos à son rythme.
Rien n’est moins sûr.
Ps : Au cours de mes premières interrogations sur cette tendance à la perte de poids express, j’avais entendu parler de « Mumyrexie ». Terme qui est une contraction de maman et d’anorexie. Ces derniers jours, une jeune femme, Sarah Stage, fait le buzz sur les réseaux sociaux, car plusieurs internautes pensent qu’elle serait mumyrexique. Je développerais peut-être dans un prochain article sur le sujet (car là, mon post est déjà bien long).