"Deux jours à tuer" ou comment Albert Dupontel fait rire... et pleurer
Par Cineblogywood @CineblogywoodEn salles : Dans son dernier film, Deux jours à tuer, le trop rare Jean Becker met en scène Albert Dupontel, l’acteur un brin déjanté qu’on a notamment vu pédaler dans Un long dimanche de fiançailles ou prendre possession de la ville dans Enfermé dehors. Le pitch, c’est ça : “Le jour de ses 42 ans, un mec (Antoine) bien sous tous rapports, à la carrière publicitaire brillante, avec femme dévouée et aimante et enfants qui savent lire, écrire, faire des beaux dessins et se brosser les dents, pète les plombs. Finie l’hypocrisie ambiante, il décide de dire toute la vérité rien que la vérité à ceux qui l’entourent, y compris les “amis” de longue date, juste avant de quitter femme et enfants”. Une base facile, qu’on imagine presque bourrée de scènes pince-sans-rire et comiquement ironiques, puisqu’il y a Albert Dupontel dedans. Mais ce serait trop facile non ? Ben si. C’est donc beaucoup plus subtil évidemment.Quand Antoine poétise sur des slogans publicitaires bidons, on rigole vraiment ; quand il fait du gringue à sa copine allumeuse (Christiana Reali), on trouve ça marrant ; mais quand il casse la gueule de ses potes, qu’il devient odieux avec ses enfants et qu'il crève le coeur de sa femme (Marie-Josée Croze, brillante), ça devient moins fun évidemment.
Deux jours à tuer, c’est clairement l’un des meilleurs films français récents. Qui mène par le bout du nez sans qu’on s’en rende compte et qui distille des indices émouvants au compte goutte... Le scénario et la mise en scène parfaite nous font peu à peu passer du rire aux larmes et Albert Dupontel incarne, tout du long, un héros tragi-comique bouleversant. Pas sirupeux, pas écoeurant, le film échappe à toutes les évidences émotionellement dégoulinantes dans lequelles un autre réalisateur ou un autre interprète auraient pu s’engouffrer en un rien de temps. Tout est beau, juste et intelligent. C’est du très grand Becker, avec un Dupontel immensément touchant.
Black Mamba