Illustration extraite du site Internet de l'UCA
Le Pape François a salué le centenaire de la faculté de théologie de Buenos Aires, l'une des premières facultés de la UCA, l'Université catholique, dont il a été chancelier en sa qualité d'archevêque de la capitale argentine.Sa lettre à son successeur, le cardinal Mario Poli, a été rendue publique par le Vatican (1) : François y parle de la mission du théologien, qui doit lui aussi être un pasteur, un évangélisateur conscient des réalités de son temps, plutôt qu'un intellectuel hors sol comme il y en a beaucoup dans toute l'Eglise universelle.
L'UCA a en fait été fondée à deux reprises, comme Buenos Aires (2). Il y eut une première tentative qui dura dix ans, de 1910 à 1920 (3). Puis près de quarante ans plus tard, presque comme dans le cas de Buenos Aires au XVIème siècle, l'aventure repartit en 1958 et c'est cette UCA-là qui fonctionne aujourd'hui dans les superbes bâtiments de briques qui bordent les bassins d'amarrage de Puerto Madero. L'UCA a obtenu la reconnaissance du Saint Siège en 1960, alors que Eduardo Pironio se trouvait à la tête de la faculté de théologie, un éminent théologien, l'un des fondateurs de la théologie de la libération première manière (4), futur archevêque de Mar del Plata (1972-1975) et membre de la Curie, où il fut appelé par Paul VI qui le sauva ainsi des menaces de mort qui lui étaient adressées, venues de la gauche comme de la droite, dans ces temps troublés et violents que traversait déjà l'Argentine bien avant le coup d'Etat de mars 1976 (5). Mauricio Macri ou la reine Máxima des Pays-Bas ont fait leurs études à l'UCA, qui a formé une bonne partie de l'actuelle droite argentine (celle des quinqua et quadragénaires). Dans les vingt premières années, elle a formé surtout des hommes d'Eglise, des médecins, des juristes, des historiens et des philosophes. Sa bibliothèque en ligne, en accès libre depuis le site Internet, est l'une des plus fournies d'Argentine, pays où les universités et autres institutions académiques commencent tout juste à numériser leurs fonds documentaires.
A titre de comparaison, en 2011, l'UBA, l'Université de Buenos Aires, la rivale laïque, fondée en 1821 par Bernardino Rivadavia, fêtait en grande pompe ses 190 ans en septembre 2011, comme je vous l'avais montré à travers un Retour sur Images. Elle a elle aussi formé de très nombreuses hautes personnalités de l'Argentine et s'en enorgueillit tout autant.
Photo extraite de la page Facebook de l'UCA
Pour aller plus loin : lire la lettre en espagnol (avec traduction en italien) publiée par le site du Vatican News VA ou ici, le texte sans traduction ni commentaire. Dans cette autre version en espagnol, les deux fautes OCR ont été corrigées et la formule d'appel a été modifiée : on passe de "Estimado hermano" à "Querido hermano", une expression plus personnelle (l'adjectif querido/a s'emploie pour une personne intimement amie, ce qui est le cas en l'espèce). lire le commentaire en espagnol du service de presse du Vatican lire l'article de La Nación consulter le site Internet de l'UCA se connecter à la page Facebook de l'institution.
(1) Avec des fautes de frappe, sans doute dues à un scanner suivi d'une lecture OCR : estimarlo (au lieu de estimado) et cat6lica (au lieu de católica). (2) Sur les grandes dates historiques, voyez le Vademecum historique qui se trouve dans la partie médiane de la Colonne de droite. (3) Curieusement, ces dates sont aussi celles d'un haut lieu du tango au début du XXème siècle. Un lieu de plaisir et de divertissement de la haute société, celle-là même qui, au-delà de ses frasques, soutenait de ses fonds l'université confessionnelle. El Armenonville, un restaurant où Carlos Gardel lança sa carrière en 1913 en duo avec José Razzano et où il créa Mi noche triste, le premier tango qu'il ait jamais chanté à la fin de l'année 1916... (4) Ce courant théologique a ensuite connu différentes dérives temporelles qui ont conduit à la condamnation de l'ensemble par Jean-Paul II. Depuis l'élection du Pape François, un certain nombre de travaux, fidèles à l'enseignement du concile Vatican II, sont remis à l'honneur parce qu'ils correspondent à un besoin pastoral de l'Eglise en Amérique du Sud, dans les circonstances socio-économiques qui sont les siennes. (5) Eduardo Pironio (1920-1998) a été déclaré Vénérable Serviteur de Dieu. Son procès en béatification est en cours, très soutenu par l'archidiocèse de Mar del Plata et par le diocèse de Mercedes-Luján. Il a en effet été l'un des grands architectes du développement des pèlerinages mariaux vers la Virgen Gaucha,comme on l'appelle dans la Province de Buenos Aires. C'est aussi une personnalité qui a fortement marqué l'actuel Pape dans son parcours ecclésial. Il est enterré dans la basilique de Notre-Dame de Luján.