Présentation
L’hiver, à nouveau. Après que le charleston, ramené de Montréal par Marie, ait déferlé comme une furie sur Notre-Dame-des-Lacs, les hommes ont finalement repris le chemin de la forêt, pour y travailler tout au long de la saison froide. Le calme peut enfin revenir sur le village. Mais rien ne dit que ce soit pour très longtemps…
Car Marie, après avoir partagé sa couche avec Ernest et son frère Mathurin, se découvre enceinte, sans trop savoir qui est le père – elle qui s’était toujours pensée stérile ! Pendant ce temps, Réjean, le jeune curé du village, s’est réfugié chez Noël, toujours affairé à la construction de son bateau : il se montre si perturbé par ses interrogations intimes et existentielles qu’il n’est plus en mesure d’assurer son service religieux.
Effroi et panique chez les bigotes du village ! On parle même de s’en aller quérir l’évêque ! Car enfin, où donc tout cela va-t-il mener ? Plus de maire, plus de curé, des danses endiablées, des amoureux qui vivent dans le péché et des enfants sans père… N’est-ce pas tout bonnement le signe d’une malédiction lâchée sur Notre-Dame-des-Lacs ?
Avis
C’est une joie de retourner au Canada, dans le village de Notre-Dame-Des-Lacs en cette année 1924 et d’y retrouver tous les personnages qui m’ont chaleureusement accueillis durant les sept derniers tomes.
On retourne dans le pittoresque, dans le froid, dans l’amitié et l’entraide en écoutant du charleston que Marie avait ramené de Montréal dans le dernier tome de la série.
C’est l’hiver, et les hommes comme chaque année partent chasser, les femmes se retrouvent entre elles : une liberté retrouvée, de la musique, de jolies robes et des party. Mais ce qui marque aussi dans cet album c’est la maternité de Marie, elle le clame haut et fort, elle est enceinte. De qui ? Elle s’en moque, bien trop heureuse de faire un coup de nez au destin, elle qui n’avait pas pu avoir d’enfant avec son regretté mari Félix, et aujourd’hui la voilà « en famille ».
Coudonc, ma belle Marie, il est temps de se reposer... J'trouve que t'en as fait de trop ce tantôt... J'aimerais ben ça que t'écoutes un peu plus la matante quand elle te dit de calmer l'pompon... Pis ? Y bouge-tu déjà ce ti-cul-là ? Quand vas-tu l'annoncer au monde, ma belle ?
La petite communauté est également un peu mise à mal, déjà qu’il n’avait plus de maire voilà que le Rejean (le curé) fait une pause chez Noël et finit par avoir des revendications mettant à mal les trois vieilles du village, complètement désorientées depuis qu’il n’ a plus de messe. Mais comme d’habitude tout finit par rentrer dans l’ordre.
Vous êtes attentif aux gens, toujours là pour les écouter.... Vous n'avez pas la rigidité de ces curés qui règnent en despotes et qui font vivre leurs ouailles dans la culpabilité et la peur permanente du châtiment divin.... Votre Dieu à vous Réjean, il est bienveillant....
C’est toujours aussi bon de retrouver cette ambiance chaleureuse et bonne enfant malgré le froid mordant du dehors, le parler québécois et ses expressions, j’ai été peiné par les « interventions » du défunt mari de Marie, une voix qui s’élèvent par delà le village et qui observe l’entrée du monde dans ce petit village. On sent la modernité envahir les esprits et les ouvrir, ces esprits pourtant si étriqués au début de la série.
Mais voyons môman, quand vous étiez jeune, vous aviez pas envie que les choses changent, vous aussi?
Ca fait que finalement, môman, c'était pareil avant, sauf que votre avant à vous c'est notre maintenant à nous...
Les mains de Loisel et Tripp apportent à l’histoire de ce village de chaudes couleurs malgré le blanc de la neige. Voilà que je referme ce 8ème tome avec l’envie d’ouvrir le 9ème et de voir enfin Marie s’épanouir comme elle le mérite. Dans chaque tome un élément « humain » redonne du tonus à l’histoire et c’est ce qui fait que Magasin Général reste au fil des tomes une BD plein d’humanité, si agréable à lire et à regarder. Et c’est chaque fois un coup de cœur.