J’ai beaucoup écrit de poèmes le mois dernier, et je vous en propose trois parmi ceux que je préfère.
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Révoltes du vent
Le vent semble venir des profondeurs de la terre et la nuit s’ébranle comme un long train vétuste.
Les arbres sont sans doute à bout de nerfs derrière les volets exténués et je pense au préau de l’enfance où stagnaient les jours de pluie et les automnes passifs.
Le vent est un fantôme de cheval insurgé, qui se rue contre l’espace et se cabre devant le temps.
Le silence pose à nouveau sa patte puissante sur la maison et l’avenir semble vouloir me chasser hors de moi-même.
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Nord Magnétique
Le silence est un azur sonore où s’effiloche la brume et je songe à cette fatalité de devoir se subir soi-même.
Tu as longtemps vu l’amour comme un bras de fer avec la destinée et tu restais des heures sur le même banc public en attendant de devenir plus jeune.
Les années passées ont aplani les montagnes d’illusions qui se dressaient devant toi et maintenant tu peux voir qu’il n’y a pas grand-chose de pittoresque à l’horizon.
A cette heure de grand silence, les poussées du vent se font plus violentes et te désorientent ; seules tes solitudes immobiles semblent toujours indiquer le nord.
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Souvenirs d’Espagne
Les rémouleurs viennent du pays des guitares sauvages et des orgues de barbarie pour aiguiser les cris des matrones aux mains pleines de lames et les yeux des enfants qui ont bu trop de soleil.
Dans la cage d’escalier se cognent toutes les langues, comme des cailloux au fond de la fontaine des souvenirs d’enfance.
La mer est plus mousseuse qu’un champagne, plus salée que la sueur au-dessus de ma lèvre, et plus amère que l’acrimonie d’une vieille coquette.
Le bleu des immeubles rivalise avec l’intérieur des piscines et semble monter jusqu’au ciel.
Le long de la voie ferrée voltige mon ennui couleur de sable, et grillent des noisetiers dont les fruits ne mûrissent jamais.
La vie est lancinante comme une rage de dents, sur laquelle on appuie avec un coin de la langue.
Le Christ en croix dans son cadre en bois souffre autant que moi de mes coups de soleil.
Au-delà des collines, on est parfois saisi par le rayon vert.