Je dois avouer que mon côté féministe me titille souvent face à de tels ouvrages. La peur du féminin, récurrente depuis la nuit des temps, a donné lieu à beaucoup de fantasmes sur des figures un peu frappantes. Ici, on en a choisi douze, célèbres pour leurs frasques autant que pour l’empreinte qu’elles ont laissée. La sélection est alléchante. Les grandes figures historiques, notamment, que je connaissais déjà, y ont parfaitement leur place, comme la sulfureuse Messaline, qui parvient à épouser son amant alors qu’elle est déjà mariée à l’empereur, devant bigame de fait; ou la très décriée Anne Boleyn, qui a réussi à renverser toute une religion pour parvenir à monter sur le trône d’Angleterre. Mais j’ai aussi apprécié d’y retrouver des personnages de l’ombre, comme Lola Montès, la maitresse du roi de Bavière qui déchaîne la haine de tout un pays. Présentée par ordre chronologique, ces douze figures nous tracent une histoire intéressante de la femme ambitieuse qui finalement n’est qu’un éternel recommencement.
Pour autant, le côté sulfureux de ces histoires n’est pas si racoleur que cela. Car je me suis franchement attachée à toutes ces femmes. On prend soin de nous raconter leur histoire, leur passé, leur volonté d’indépendance, leur fêlures. On les rend finalement très humaines, ces femmes que l’on a souvent décrites comme démoniaques. Et pour autant, à aucun moment on ne cherche à les excuser ou à les absoudre: souvent, elles ont vraiment manipulé, trompé, comploté, espionné pour parvenir à leurs fins. Dans le lot, certaines méritent pourtant un peu plus de clémence, comme la célèbre Olympe de Gouge, dont on aura heureusement surtout retenu le combat pour les droits des femmes, plus que le mépris dont elle a fait l’objet de son vivant, ou la pauvre Marie-Catherine de Brignole, mariée trop jeune à un prince de Monaco violent et irascible.
Chroniques de l’histoire européenne et de ses coulisses, ce livre se lit donc avec une grande fluidité, à grand renfort de petites anecdotes, de portraits romancés et de point de vue interne savamment travaillé. Chaque chapitre, court, est l’occasion d’une plongée dans une époque, dans un personnage. La véracité historique m’est souvent apparue secondaire: je l’ai réellement lu comme un recueil de nouvelles historiques croustillantes.
La note de Mélu:
Très sympa! Merci à Babelio et aux éditions Pygmalion pour cette découverte!
Un mot sur l’auteur: Marc Fourny est un journaliste français qui travaille notamment pour le Point.