Polémique à Béziers. Forcément ça déborde sur le plan national quand un FN est le premier édile quelque part dans notre doulce France. Toutes ses décisions sont alors examinées à la loupe et gare ! Robert Ménard veut donc débaptiser une rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom de H.D.d.S.M.
Je dis mille et mille fois bravo pour cette initiative à ce maire Front National, sauf qu'il aurait pu débaptiser une rue ou un square comme il y en tant en France et qui sont affublés de noms ridicules, et ça en regorge à Béziers : Place des sternes, des goélands ou des mouettes, square des libellules ou des papillons, etc.
Le hic avec les extrêmes c'est la tentation polémique. Rue du 19 mars 1962 : La guerre d'Algérie est encore plaie vive. Jamais ça ne cicatrisera, pas avant trois cent cinquante ans. Les massacres commis à Béziers en 1209 par "les français" avec le fameux "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens... " (près de 10000 biterrois étripés) sont encore dans la mémoire collective de la ville, pensez-donc.
Le maire Ménard fait donc dans une légère provoc. Arrivé au "pouvoir" il aura pu être un père peinard, on le dit à présent père fouettard, après l'armement de ses policiers municipaux, il porte au grand jour un "chien de mutin, d'OAS, une ordure de facho..."
Au FN, la guerre d'Algérie et toutes les suites et blessures physiques-morales "collatérales" sont encore là. Présentes. Grosse part de la clientèle électorale de ce parti. Parti respectable car démocratique et respectable car il a des élus nommés par la voix du peuple. Faudrait pas oublier ça et accepter le jeu démocratique. Et c'est l'homme de gauche/gauche qui écrit ça.
Je conseille à tous les détracteurs des "putchistes", de ce fameux "quateron de généraux félons", de lire les bouquins de Denoix de Saint Marc : "Les Sentinelles du soir" (éd les Arènes) et "Mémoires : Les Champs de braise" (éd Perrin)
Hélie Denoix de Saint Marc est à mon sens un des esprits singuliers les plus brillants du siècle, un homme d'une infinie sagesse s'il fut pourtant tout à la fois déporté par les nazis, "guerrier", résistant, légionnaire, renégat, penseur & philosophe, écrivain...
Ses yeux me faisaient penser à ceux de Pierre Rabhi, profonde humanité du regard de l'homme qui a TOUT vécu et qui sait. Coeur aimant profondément l'humanité. Ses écrits sont empreints de sagesse et de grande profondeur. Infinie réflexion sur la nature humaine. J'ai côtoyé professionnellement pendant des années des légionnaires, ils sont pour la plupart - il y a des "crétins" comme dirait Onfray partout - des gens d'exception, qui avancent comme le torero José Tomás sur des pistes de sable d'arènes inaccessibles au commun des mortel.
Hélie Denoix de Saint Marc ne mérite alors pas qu'une rue porte son nom, pas plus que José Tomás, ou Pierre Rabhi, ou l'abbé Pierre ou Olympe de Gouges ne le mériteraient... ils sont bien au-delà de "tout ça", de tout ce "bruit pour rien" comme dirait Shakespeare, ils sont tout simplement modèle, si discrets, si petits, immenses pourtant : frange d'Histoire.