Un vent nouveau souffle sur la Côte Est des États Unis et plus précisément sur New York. Après Joey Badass qui a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui sur son dernier album salué par des critiques dithyrambiques, le jeune HD aka Hd Been Dope perpétue la tradition du mouvement new-yorkais, l’Hip hop brut et les lyrics de haute voltige.
Du haut de ses 17ans, Darius Henry nous avait régalé, dès 2012, avec sa mixtape Since 94. Flirtant avec l’excellence, il lâchait alors 19 titres percutants, parfois émouvants, dont l’excellent « Just Me » qu’on se réécoute pour l’occasion.
Un an plus tard, le natif de la grosse pomme prouve que son premier coup d’essai n’était pas le fruit du hasard. Sa nouvelle galette, plus épaisse (21 titres) et intitulée Stepping Into Tomorrow, est remarquable, piochant dans des influences de tous horizons. Un mélange de saveurs toutes plus onctueuses les unes que les autres. Découvrez la genèse de cette mixtape dans l’interview ci-dessous :
Bosseur acharné, ce jeune surdoué secoua à nouveau la planète rap l’année dernière, avec son clip « Aladeen » . Une énorme claque dans la gueule, que l’on peut aisément placer dans le top 10 rap us de 2014. Un track en mode égotrip, orchestré par Hippie Sabotage qui signe une prod’ on ne peut plus agressive, fournie en punchlines sanglantes. Il s’en prend ainsi à ses détracteurs « you can’t buy me fuck your price » et aux journalistes : « all your wack critics can suck my dick ». Tout cela peut paraître un peu cru mais vous verrez que le virtuose new-yorkais a d’autres cordes à son arc et n’officie pas toujours dans la vulgarité. Seulement 68000 vues sur Youtube, ça parait famélique vu le niveau du son… A vous de juger.
Sorti presque de nulle part, le dernier album de HDBeenDope, Great Area, débarque sur la toile ce 2 mars 2015. Toujours friands de sorties aussi croustillantes, au Limo, on se devait d’en parler et de répandre la nouvelle qui mérite toute votre attention. Autant vous prévenir de suite, le jeune rappeur n’a pas lésiné sur les moyens et ne s’est pas moqué de son public. Let’s the music play!
Première chose surprenante qui mérite d’être soulignée, l’intro qui apparaît en troisième position après deux morceaux en forme de préambule. Notamment le génial « Synopsis » (qui porte bien son nom), chanson mélancolique samplant une voix très soul sur le refrain ressemblant étrangement à la voix de Lauryn Hill.
L’intro est parfaite, on se croirait dans un film romantique, la voix de la chanteuse si douce sort complètement du registre hip hop. Mais c’est à partir de 40 secondes, que les instruments retentissent et les caisses claires explosent, le rappeur se fait un malin plaisir à découper le beat en mille morceaux, quelle aisance!
A peine remis de nos émotions, on change encore une fois de registre, une vibe très 90’s sur ce « On The Daily », tellement efficace qu’il reste ancré dans notre tête. « Six or Seven » est d’une violence impressionnante, presque trop lourd pour nos petites oreilles peu habituées a des tueries de ce standing. Sur l’excellent « Two Ps » , premier single de l’album, il fait appel à Iamnobodi (funk, future bass) de Soulection. Nous avions d’ailleurs vu ce dernier à la Maroquinerie pour la soirée Future, c’était absolument génial (live report à retrouver ici). S’enchaîne « First Drive », morceau encore complètement déroutant, le beat est saturé, change de rythme et la technique du surdoué fait le reste du boulot. « Moshin In The Woods » reste dans la même veine que le morceau cité précédemment, hymne menaçant, du « fuck » en veux-tu en voilà, qui sonne toujours bien sur une instru aussi sale.
Un petit break s’impose, on arrive à la moitié du projet et honnêtement pas grand chose à jeter…
La suite est beaucoup plus smooth, toujours avec cette connotation old school. On peut notamment parler de « Fake The Funk » et « Lovehall/Pride » sur une production très minimaliste.
L’excellent « Three Line » détonne avec ses notes de guitare, le petit gars de Brooklyn sait comment retenir l’attention de ses auditeurs sur un long format, les 5 derniers morceaux sont beaucoup plus doux, une chouette manière de nous détendre et de clore ce disque. Mention spéciale à l’outro qui dure 14min, une sorte de recueil introspectif ou le rappeur décide vraiment de se livrer. C’est beau!
On ne va pas y aller par quatre chemins, le gamin de New York est largement à la hauteur de nos attentes et même au delà.
Un disque complet, toujours innovant qui ne tombe jamais dans le rap cliché. Et tout ça à 21ans, il a de quoi en énerver plus d’un. Alors chapeau bas!
Pour les lecteurs déjà conquis par le phénomène, vous pourrez le voir en live début avril au festival Dooinit à Rennes avec une programmation hip hop exceptionnelle!
Hd Is Dope!
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Brooklyn, HdBeenDope, Joey Badass