Max | Voix off

Publié le 09 mars 2015 par Aragon

Voix des toreros

Voix sans voix. Voix du pur courage. Inutilité de la voix sinon du cri pour héler - citer - la bête. Sébastien Castella, El Juli, Juan Bautista.

José Tomás. Absence de voix. Un homme se tait dans le monde, c'est José Tomás. En 2002, par un communiqué, il s'exprime: " J'arrête. " Il se retire.

En 2007, il revient.

Le 10 septembre, à Nîmes, du je le vois de plain-pied, à la fois de très près, et de toute la distance qui me sépare de cet étranger absolu: la nuit faite homme.

Il appelle les taureaux d'un souffle . Ce même souffle que l'arène retient. Silence médusé. La respiration du taureau. Halètement. Ce va-et-vient du poitrail . José Tomás avance la main. Regard du taureau. Saisi, tenu. Flexion du poignet . Ondulation de la muleta. Appel, absence de voix. Charge. Le taureau entre dans l'illusion, la voilure fuyante du leurre. Navigation de la bête, ralentie, allégée. Courbe.

Absence de voix. Toujours du silence au principe de chaque mouvement. José Tomás est droit, menton bas, œil presque vide, expression nulle. Le taureau est passé. Petits pas. Ajustement de la position. Douceur d'une porte entrouverte. La main, de nouveau,le leurre avancé, proposé , de nouveau. Attitude.

Tomás enchaîne les figures dans la lenteur d'une élaboration mûrie, ne s'accomplissant, foudroyante et toujours aussi lente, qu'au terme voulu, attendu, décidé, sous le regard de tous, qui restons pensifs , muets, proches des larmes. Attendant nous-mêmes la liesse dont nous submerge bientôt la progression irrésistible. Éclatant enfin, de rire, de joie, en pleurs, nous crions, hurlons, tandis qu'il achève la dernière passe, déchirante et libératrice, sans avoir concédé ni le moindre pas ni le moindre mot .


Signes du Toro | Spéciale José Tomás... par france3aquitaine

Wikipédia / D.Podalydès : C'est également un aficionado de longue date. Dans La Peur Matamore (2010), il décrit la situation du comédien qui est une sorte de torero sans taureau. Dans une émission de l' INA, il raconte sa passion pour la tauromachie. Très admiratif de la douceur d'un José Tomás devant un animal terrifiant, il a lui-même filmé la dernière prestation du torero à Nîmes en octobre 2012.

Sur la douceur de José Tomás, il a écrit, bien avant la corrida d'anthologie d'octobre 2012 à Nîmes : " Rien, peut-être ne m'émeut plus, ne m'enthousiasme plus, ne me met réellement hors de moi, hors de toute identification, dans un champ pur débarrassé de fantasme, de réminiscence et de commentaire, qu'un beau geste de matador... Tel mouvement imperceptible de poignet effectué par José Tomás qui met en branle sa muleta avec une si prodigieuse douceur... José Tomás est probablement la figure absolue de l'impossibilité d'atteindre l'état du matador. L'horizon en personne. Le voilà, l'opposé même du Matamore, c'est José Tomás, lui qui, au plus près du toro, accomplit sans dire un mot, sans un pas de trop, le pur exploit, prenant des risques les plus grands, d'une flexion du poignet. Seul le geste minimal a lieu, et le taureau est embarqué ; c'est lui, José Tomás qui, de la tête aux pieds, devient Chimène. "