Sortie le 8 avril 2015 aux Editions La Bourdonnaye
Après avoir lu L’Insigne du Boiteux de Thierry Berlanda j’avais vraiment hâte de replonger dans l’univers de cet auteur.
Mais d’abord, sa maison d’édition « la Bourdonnaye » a eu l’excellente et machiavélique idée de nous faire revivre les débuts du « Prince ». Nous avons donc, le 7 mars dernier, sillonné quelques rues de Paris en petit comité (quand on part à la chasse à l’homme il vaut mieux être discret) en compagnie de quelques privilégiés, de Stéphanie Vecchione (Responsable Communication des éditions la Bourdonnaye), de Thierry Berlanda (en manteau sombre et casquette vissée sur la tête), Benoit de La Bourdonnaye (fondateur des éditions du même nom) et autres membres du staff, sans oublier une équipe de caméraman (et woman) qui ont filmé toute la ballade et dont nous verrons prochainement le film sur le site de La Bourdonnaye. Bon, pour la discrétion c’était un peu mort. Quoi qu'il en soit, merci à tous d'avoir organisé et contribué à cette superbe ballade, sous un ciel clément, comme Paris sait nous en offrir, quand elle veut se montrer agréable.
Notre parcours a également été egayé par un peu de culture, en effet Stéphanie, nous a raconté moult anecdotes sur les rues que nous parcourions, et parfois même des révélations très glauques. Ca a été une soirée très riche à tous points de vue, humain, intellectuel, romanesque, flippant (un p'tit peu quand même, et si le Prince avait jeté son dévolu sur l'un d'entre nous, Thierry nous a avoué qu'il ne le contrôlait pas).
Première rencontre avec Thierry Berlanda et une partie du staff des Editions la Bourdonnaye
----ATTENTION SPOILERS du premier tome – L’Insigne du Boiteux ----
Nous nous sommes donc retrouvés au 130 Rue de Rivoli où débute le roman. Il s’agit d’une boite de jazz « le Slow Club », d'où "Chloé est sortie énervée après avoir dépensé deux mois d'économies, et subi les assauts d'un commercial en sueur qui voulait se la taper dans les toilettes".
Nous avons continué rue de l'Arbre Sec, où Chloé a fait sa première rencontre avec le Prince. "Elle court au radar vers sa Mini Cooper garée rue de l'Arbre Sec. En ouvrant la porte à distance, elle chasse de son esprit les images d'oies blanches, à bagnoles pourries, sacrifiées dans les deux minutes après le générique des séries Z (...)"
Les gargouilles de l'église rue de l'Arbre Sec.
"Après une courte déambulation, le Prince s'est immobilisé. En quelques minutes, il s'est transformé en une grosse gargouille qu'un architecte donnant dans le biomorphisme sardonique aurait accrochée au parapet du parking souterrain de la rue Boucher".
Nous poursuivons par le Pont Neuf que nous traversons. Stéphanie nous raconte que ce pont est le premier dénué d'habitations et pourvu de trottoirs qui protégeaient les passants de la boue et des crottes des chevaux.
"Quand Chloé passe dans l'autre sens devant lui, le Prince est en train de se pavaner devant un public de lampadaires flous. Elle lui crie d'arrêter de faire chier, puis elle dégage par les quais.
Il est accoudé, la tête posée sur les paumes de ses mains, les doigts recourbés sur ses joues tachetées de rouge. Parmi les rares passants, quelques uns s'approchent, intrigués. Le Prince devine leurs chuchotements. Il se retourne en brandissant l'arme, une longue lame courbe, qu'il dissimulait jusqu'alors sous son manteau. Voyant la peur sur les visages, il s'attendrit. Sa voix chevrote comme celle d'une vieille cabotine.
Venez à Moi, petit troupeau ! Que je vous touche et que vous soyez sauvés."
C'est à ce moment que Jeanne Lumet intervient à la demande de Bareuil, elle ne pensait pas le revoir un jour et encore moins dans cet état là. Elle arrive sur les lieux du crime.
"Jeanne l'a traversé mille fois (le Pont Neuf) sans jamais ressentir l'appréhension quasi paralysante qu'elle éprouve à l'approche des ponts modernes, mais ce soir la Seine lui paraît efrayante, attendant sournoisement sa ration de noyés."
LinaGalatée et Thierry Berlanda sur le Pont-Neuf devant Notre-Dame
La flippe, j'ai cru voir le Prince !
Nous longeons le quai de la Corse pour arriver au 36.
Le Quai des Orfèvres où officie encore pour quelques temps la police judiciaire de Paris. La PJ quitte le 36 (j'espère que j'aurais l'occasion de vous en reparler, tant de pages d'histoires criminelles se sont tournées sur ces marches et ces salles d'auditions. Aujourd'hui on ne sait pas encore ce qu'il va advenir de ce lieux oh combien mythique et vénéré des fans de polars).
Les 148 célèbres marches du 36.
Falier, commissaire à la retraite, connait bien le 36. Il y règne un infernal ballet quotidien. "Six voitures quittent en même temps le 36, quai des Orfèvres en slalomant parmi les cameramen des télévisions et leurs projecteurs aveuglants... Certains font mine de barrer le passage aux policiers, échappent de justesse à l'écrabouillage et refluent en gueulant comme des écorchés".
Nous avons continué et terminé notre périple vers la Sorbonne, où Bareuil l'ancien mentor de Jeanne a occupé la chaire d'histoire médiévale.
Leur relation y avait pris une fin tragique : "Cette harmonie s'était brisée à la fin de l'année universitaire de troisième cycle quand, alors que la salle de cours, s'était vidée, Bareuil avait risqué un baiser sur les lèvres de Jeanne. Elle ne s'était pas détournée, étonnée mais admettant ce geste en guise d'adieu. L'affaire était partie sur la jante quand Bareuil avant sa bouche à nouveau (...)".
Nous sommes arrivés au terminus de notre voyage, à l'Ecritoire, bar très sympa dans un cadre livresque, où les Editions la Bourdonnaye nous ont conviés à prendre un verre et nous ont offert un exemplaire du second tome de cette trilogie : La Fureur du Prince, qui paraîtra le 8 avril 2015.
INTERVIEW DE L'AUTEUR par Linagalatée
L'auteur a gentiment dédicacé chacun des exemplaires de son roman tout en papotant avec tous. Il a accordé aux Chroniques d'Evenusia, une interwiew au cours de laquelle je n'ai malheureusement pas pu obtenir le moindre scoop quant au Prince, mais quand même quelques révélations, et pas des moindres, jugez-en plutôt :
LG : Bonsoir Thierry, merci de répondre à notre curiosité, mais le premier tome avait été un tel coup de coeur, que l'attente a été longue. Alors combien de temps entre ces deux tomes ?
TB : Eh bien un peu plus d'un an, le précédent est paru fin février 2014 et celui-là début avril 2015, donc on est à un peu plus d'un an.
LG : Et dans l'histoire, on peut savoir le temps qui s'est écoulé ?
TB : La même chose. Un peu plus d'un an.
LG : Donc pendant ce laps de temps il ne s'est rien passé, il n'a pas commis d'autres meurtres ?
TB : Si, on va savoir ce qui s'est passé mais l'histoire reprend aussi un an plus tard. On passe de l'hiver à l'hiver, c'est le même temps.
LG : On se demande quand même ce qu'il a fait entre les deux, allez donnez-nous un petit truc à croquer !
TB : Qui il d'ailleurs ?
LG : Le Prince, jusqu'à preuve du contraire c'est masculin, à moins que vous ne nous ayez caché des choses.
TB : Non mais il a pris une bastos à la fin du premier quand même, il est blessé, et donc il lui arrive ce qu'il arrive à beaucoup de blessés, il faut du temps.
LG : Bon mais ce n'étais pas une princesse qui devient prince suite à la bastos ?
TB : Ah non non non, mais ça aurait pu être "ils" ou "il", mais un autre personnage du roman.
LG : Donc c'est une trilogie, et ça s'arrêtera c'est sûr ? Il n'y aura pas une porte ouverte à la fin, nous laissant espérer quelques autres horreurs ?
TB : Du troisième ? Non.
LG : Vous avez déjà commencé l'écriture du 3ème ?
TB : Non, j'ai commencé l'écriture mais pas la rédaction, donc ça mature, les éléments s'organisent, s'articulent. La phase rédactionnelle si j'ose dire, commencera comme souvent chez moi, au début de l'été ou la fin du printemps.
LG : Ce sont donc des idées d'abord que vous jetez comme ça, mais dans votre tête l'histoire est déjà faite ?
TB : Elle est en grande partie faite, mais j'aime bien me laisser surprendre aussi parce que comme le disent en général les écrivains, ça c'est pas une découverte, les personnages ont eux-mêmes leurs propres nécessités et on ne peut pas leur faire faire n'importe quoi ou dire n'importe quoi, une fois qu'ils existent ils déterminent eux-mêmes des trajectoires qu'on est aussi un peu obligés de respecter. Donc, il y a des éléments structurés et structurants et puis des occasions qui se présenteront, que je suivrai ou que je ne suivrai pas. Les portes restent ouvertes.
LG : Ce n'est pas vraiment vous qui décidez alors ?
TB : Je n'écris pas mes textes, j'en suis absolument persuadé, c'est en tout cas je ne sais pas quoi ou qui, ou plutôt je le sais, mais c'est là vraiment où on a trop peu de temps pour en parler, mais en tout cas ce n'est pas moi. Je suis un scribe.
LG : Vous êtes en fait le nègre de vos personnages.
On a bien ri durant cet échange, Thierry Berlanda est très disponible et plein d'humour.
Encore merci pour ce moment magique et rare, celui où une lectrice rencontre un homme qui est un auteur !
Certains n'ont pas pu résister à l'attraction malveillante du Prince :
Comment les en blâmer ?
Retrouvez ma chronique sur le tome 1 L'insigne du boiteux : ICI