un amour qui pousse au crime presque parfait

Publié le 09 mars 2015 par Dubruel

d'après UN DRAME VRAI de Maupassant

Dans une propriété de famille

Vivait une jeune fille

Courtisée par deux frères.

Elle préféra l’ainé, Albert.

Le cadet, Jean, sylviculteur,

Devint aussitôt sombre et rêveur.

Un soir d’orage,

Huit jours avant son mariage,

Alors qu’il rentrait chez lui,

Albert fut abattu d’un coup de fusil.

Le criminel n’a pas été retrouvé.

Le seul indice qui aurait pu faciliter

Le travail des enquêteurs

Était un bout de papier à moitié brûlé,

(Sans doute la bourre du fusil

Utilisée par le tueur.)

Sur lequel on devinait

Quelques mots d’un chant ou d’une poésie

Mais on ne put retrouver

Le livre dont cette page avait été arraché.

Or, vingt ans après, Andréa

La fille de Jean (le frère cadet),

Épousait le fils du magistrat

Qui avait instruit le dossier

De l’assassinat d’Albert.

À la noce, les deux pères,

Voisins de table, dinaient,

Buvaient, plaisantaient

Et chantèrent

En duo, au dessert

Puis Jean, le père de la mariée

Fredonna un vieux couplet.

Le magistrat lui demanda :

-« D’où vient cette chanson-là ?

Je crois me rappeler

Certaines paroles que j’ai lues

Lors d’un ancien procès.

Ha ! Je perds la mémoire de plus en plus. »

Cependant avec l’obsession de retrouver

Ce qui lui échappait, le magistrat chantonnait

Le refrain que son ami avait fredonné

Mais il ne retrouvait pas d’où il provenait.

Le mois suivant,

Le magistrat, invité chez Jean,

Feuilletait machinalement un ouvrage

Posé sur la table du salon.

Par hasard, il tomba sur une page

Partiellement déchirée.

Le texte correspondait

Aux premiers vers

De la chanson

Qui figurait sur le déchet de papier,

La bourre du fusil de l’assassin d’Albert !

C’est alors que dans le cœur de Jean,

Se produisit un drame terrifiant :

Sa fille Andréa

Avait épousé le fils du magistrat

Qui le soupçonnait. Si celui-ci arrivait à prouver

Que, lui, Jean était coupable, on apprendrait

Du même coup qu’il avait tué

Son frère Albert pour lui voler sa fiancée !