Magazine Culture

Stan Getz " Dynasty " (1971)

Publié le 08 mars 2015 par Assurbanipal

" Dynasty "

Verve. Polygram. 1971. 2000.

Enregistré en concert au Ronnie's Scott Jazz Club, Londres, Royaume Uni, les 15, 16 et 17 mars 1971

Stan Getz: saxophone ténor

Eddy Louiss: orgue Hammond, compositions

René Thomas: guitare électrique, compositions

Bernard Lubat: batterie

" Stan Getz, quel cadeau pour le monde!" (Joe Henderson).

Stan Getz ne fut jamais un compositeur et il aima toujours l'Europe. Peut-être à cause de ses origines juives russe, peut-être aussi parce que le Narcotic Bureau lui causait moins de soucis de ce côté ci de l'Atlantique. En tout cas, Stan Getz était curieux et changeait de groupe au gré de ses envies. Au printemps 1970, il vint à Paris assister aux Internationaux de France de tennis à Roland Garros. Le soir, après les matches, il allait dans les clubs de Jazz écouter ce qui se passait en ville. Là, il tomba sur le trio Eddy Louiss/René Thomas/Bernard Lubat. Il en fut émerveillé et embaucha le trio pour l'accompagner en Europe.

Le trio avait ses propres compositions et ne jouait quasiment pas de standards. Stan Getz, avec son oreille exceptionnelle, trouva immédiatement sa place dans ce groupe de copains européens (un Belge, un Gascon, un Parisien né de parents martiniquais). Stan était à la recherche d'un nouveau souffle, ayant cessé de jouer depuis plusieurs mois. Il l'avait trouvé.

Le quartet enchanta le festival de Chateauvallon l'été 1971. Dès 1972, ce groupe avait disparu. 2 explications possibles à cette brève durée:

- Stan Getz ne pouvait amener un trio européen aux USA pour des raisons de passeports, de syndicat des musiciens, que sais je?

- Stan Getz voulait remplacer Bernard Lubat par son batteur préféré,Roy Haynes. Le trio de copains resta soudé. C'était avec Bernard Lubat ou rien. L'aventure s'arrêta là.

Toujours est il, qu'en mars 1971, à Londres, au Ronnie's Scott Jazz Club, Georges Martin, le producteur des Beatles, était aux manettes pour enregistrer et produire le quartet en concert. C'est dire si le travail est soigné, avec un son d'ensemble impeccable qui respecte chaque individualité.

Eddie Louiss est le feu sacré. Son orgue Hammond emplit l'espace de chaleur et de douceur. " Song for Martine " est dédié à son épouse. Une musique qui donne envie de glisser les mains sous le pull over de son chéri comme me disait une amie il y a 20 ans déjà car cela fait bien 20 ans que j'écoute cet album sans me lasser.

René Thomas est l'élégance même, l'air personnifié, le plus grand guitariste après Django Reinhardt pour Stan Getz et Sonny Rollins, qu'il accompagna tous deux. Le duo guitare/saxophone sur " Ballad for my dad " me rappellera toujours mon père qui me donna le goût du Jazz.

Bernard Lubat est la terre, l'élément d'ancrage de cette musique. Il est dedans, sérieux, appliqué, pas du tout le fantaisiste que les ignorants croient. Il n'est certes pas Roy Haynes ou Kenny Clarke mais il n'a jamais prétendu l'être.

Quant à Stan Getz, comme le disait John Coltrane, " nous aimerions tous sonner comme cela mais la vérité est que nous ne le pouvons pas ". Il est l'eau vive et nous emmène dans un autre monde, où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté (Baudelaire, l'Invitation au voyage).

Dès 1972, Stan Getz revenait aux USA former un nouveau groupe plus audacieux encore avec Chick Corea, Stanley Clarke, Tony Williams et Airto Moreira, nous emmenant à des milliers de miles de ce monde mais ceci est une autre histoire, celle du " Captain Marvel ".

Toujours, en 1972, Stan Getz revint à Paris retrouver Eddy Louiss pour une musique composée, arrangée, dirigée par Michel Legrand pour Stan Getz, "Communications 72 ", une pâtisserie musicale réservée aux fins gourmets.

Restons en Europe, en 1971, à Londres avec " Song for Martine " puis à Paris avec " Dum! Dum! Dum! " deux compositions d'Eddy Louiss, la deuxième sonnant plus antillaise que la première. Merci à l'INA pour le film. Rien à ajouter.


Retour à La Une de Logo Paperblog