Titre original : House of Cards
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Beau Willimon
Réalisateurs : John Coles, Tucker Gates, James Foley, John Dahl, Robin Wright, Agnieszka Holland
Distribution : Kevin Spacey, Robin Wright, Michael Kelly, Molly Parker, Jayne Atkinson, Mahershala Ali, Derek Cecil, Nathan Darrow, Jimmi Simpson, Kim Dickens, Paul Sparks…
Genre : Thriller/Drame/Politique/Adaptation
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 13
Le Pitch :
Désormais Président des États-Unis, Frank Underwood siège à la Maison Blanche, savourant sa réussite, sans pour autant se reposer sur ses lauriers. L’opposition, farouche, y compris au sein de son propre clan, empêche Frank de réaliser ses projets, dont l’ambitieux America Works, un gigantesque plan visant à réduire considérablement le nombre de chômeurs. Underwood qui doit aussi gérer les tensions entre les États-Unis et la Russie, tandis qu’à domicile, son mariage n’en finit plus de s’effriter sous le poids des responsabilités et du pouvoir. Claire Underwood n’apprécie pas vraiment son rôle de Première Dame et ambitionne de siéger à l’ONU, ce qui n’arrange pas vraiment son mari. Doug Stamper, le bras droit de Frank Underwood, spécialiste du sale boulot, se remet quant à lui péniblement de l’accident qui a failli lui coûter la vie…
La Critique :
House of Cards, la série phare du network Netflix, lancée par Beau Willimon et David Fincher en 2013, n’est du genre à faire du sur-place. Mettant en scène un personnage ambitieux (le mot est faible), elle ne cesse de progresser, se mettant du même coup en danger. La troisième saison du show permet donc de retrouver Frank Underwood, l’ancien Whip du parti démocrate devenu Vice-Président à force de coups bas et autres trahisons impitoyables, à la Maison Blanche. Ayant accédé au pouvoir suprême à la suite de la démission du Président en place (démission qu’il a piloté dans l’ombre), Underwood est au sommet. Alors qu’il était légitime de penser qu’une fois l’objectif atteint, la série perdrait peut-être un peu de son sel, il n’en est rien. Après une seconde saison émaillée par quelques excès aussi bancals que malheureux, House of Cards revient en très grande forme, en parvenant notamment à relancer sans cesse des enjeux toujours plus passionnants, pour proposer en quelque sorte une version hardcore de la fameuse série culte À la Maison Blanche.
Faisant partie de ces fictions à épisodes qui n’hésitent pas à sacrifier de nombreux personnages, House of Cards ne prend néanmoins pas les mêmes risques que Game of Thrones par exemple, tant l’intérêt principal de la série réside dans les personnages principaux. Dans Frank Underwood donc, mais aussi chez son épouse, la glaciale Claire Underwood. Autour, les têtes tombent. Souvent au figuré, et parfois au propre, comme en atteste la brutale disparition du personnage incarné par Kate Mara, au début de la deuxième saison. Cela dit, c’est aussi de sa capacité à offrir une myriade de seconds couteaux solides, que la série produite par David Fincher tire une partie de sa force. Certes, Kevin Spacey et Robin Wright sont quasiment de tous les plans mais non, les protagonistes qui gravitent autour du couple présidentiel ne sont pas limités au statut de simples faire-valoir. Trésor d’écriture, House of Cards joue sur tous les plans et prend un malin plaisir à bâtir de véritables et passionnantes sous-intrigues, pour parfois mieux les clôturer dans la souffrance et la violence par la suite.
Relevant sans problème l’énorme défi qui consistait à renouveler les enjeux une fois Underwood à la Maison Blanche, House of Cards reste aussi d’une fluidité exemplaire malgré des problématiques géo-politiques parfois très complexes. En d’autres mots, la saison 3 est à l’image des deux précédentes : on peut très bien ne pas piger de quoi il retourne exactement, quand les personnages s’agitent autour de problèmes inhérents au fonctionnement de la politique américaine, mais rien ne nous empêche de rester scotchés en permanence grâce à une écriture sensitive, qui arrive, à souligner l’essentiel, tout en ne se montrant jamais trop simpliste. En gros, pas besoin d’avoir étudié l’histoire des États-Unis et de connaître par cœur les rouages du pouvoir pour être totalement accro. Outre le contexte, House of Cards est avant tout un thriller dramatique. Un conte cruel sur l’ambition. Une déclinaison sans concession du rêve américain, qui franchit ici une nouvelle étape, en illustrant ses thématiques de la plus percutante des façons.
Violente satire sans concession sur les coulisses du pouvoir, House of Cards ne fait pas les choses à moitié. Frank Underwood reste l’un des personnages de séries les plus passionnants des années 2000. il personnifie tout ce qui va de travers dans la politique moderne, et s’impose comme l’anti-héros par excellence. De ceux que l’on adore détester.
Toujours armé de sa propension à briser le quatrième mur, via ces parenthèses durant lesquelles Underwood s’adresse au public, le show a également su conserver son côté glacial, découlant d’une mise en scène toujours en accord avec les canons imposés, dès l’épisode pilote, par David Fincher. Très classieuse, la série se place en outre dans une dynamique politique bien réelle (les relations avec la Russie, etc…), un peu à l’instar de Homeland, et se montre plus qu’à son tour très immersive.
Bijou d’écriture remarquablement emballé par une escouade de réalisateurs réglés sur la même fréquence (dont James Foley, John Dahl et Robin Wright), House of Cards offre également toujours de merveilleuses occasions de briller à ses comédiens. À Kevin Spacey et à Robin Wright en premier lieu. Le premier prend un plaisir évident à jouer les salopards et, c’est n’est pas un secret, le fait merveilleusement bien. Grâce à lui, le Président Underwood gagne encore en ambiguïté, tout en allant toujours plus loin pour arriver à ses fins, sans se départir d’un second degré diabolique parfaitement maîtrisé et dosé. Robin Wright pour sa part, sait faire évoluer son personnage dans une direction parfois inattendue, avec une prestance sans cesse renouvelée.
Il convient aussi de saluer Michael Kelly, alias Doug Stamper, ici parfait et encore plus mis en valeur par un scénario taillé sur-mesure et tous les autres comédiens impliqués, dont les performances viennent nourrir un propos acerbe, qui reste réaliste sans pour autant se priver d’extrapoler pour progresser et faire monter une tension délicieusement palpable.
Phénomène culturel d’envergure, remarquablement adapté au binge-watching (qui consiste à regarder le plus possible d’épisodes d’affilée), vu que les saisons sont proposées en une seule fois, House of Cards reste l’une des séries les plus addictives du moment. La saison 3 fait rapidement oublier les rares faux pas du deuxième acte et s’avère rapidement excellente. D’une modernité sans équivoque, palpitante en permanence, ne souffrant d’aucune baisse de régime majeure, cette nouvelle salve d’épisodes continue d’écrire l’histoire d’une des meilleures fictions politiques de la télévision américaine. Tout compte fait, oubliez le « politique ». House of Cards va bien au-delà et sort du cadre imposé par son contexte…
@ Gilles Rolland
House of Cards – Saison 1 : Critique ICI
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