Présentation de l’éditeur :
« Mon cœur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde
Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d’une terre
Où il pourra alimenter son envie d’être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d’assouvir sa soif »
Née de la pluie et de la terre est le livre d’une rencontre entre deux femmes, de civilisations différentes, qui se reconnaissent comme sœurs dans le tissage d’une parole universelle. L’une est poète, l’autre photographe. Patricia Lefebvre a rencontré Rita Mestokosho lors des séjours qu’elle effectua chez les Innus, peuple autonome du Québec. Ses photographies accompagnent la poésie simple, authentique et chamanique d’une femme qui s’adresse aux forêts, aux lacs, aux rivières, à l’ours, au saumon, au vent ou aux nuages, comme à la grand-mère qui lui a transmis l’amour de la vie. Car la poésie de Rita Mestokosho est, ainsi que l’écrit J. M. G. Le Clézio, préfacier de ce livre, « pleine de cette puissance féminine qui imprègne les peuples anciens. Quelque chose de calme et d’incorruptible qui s’ouvre sur l’avenir. » Comme lui, je suis heureux et fi er de faire entendre cette voix native d’un peuple qui lutte pour sa survie.
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Pour terminer cette semaine au Québec, je reviens à Rita Mestokosho dont j’ai déjà présenté un texte, Femme du matin rouge. Cela me paraît en accord (un peu) avec le livre présenté hier et avec cette journée internationale des droits de la femme. Rita Mestokosho est une poétesse innue, sa poésie se nourrit de ses origines amérindiennes, de la nature, du lien aux esprits mais aussi de la langue française qu’elle a apprise dès l’âge de quatre ans et qui lui permet de transmettre ses idées, son message pour la reconnaissance de la culture et des droits des innus. Car la transmission est aussi un des axes de sa poésie, où elle exprime ce qu’elle a reçu de ses ancêtres, de ses grands-parents et ce qu’elle désire partager aux gens de sa famille, de sa communauté et au-delà, pour dépasser le pessimisme, la perte de repères et renouer avec l’identité de son peuple, avec une harmonie intérieure et collective.
Certains textes sont écrits en innu-aimun et traduits en français, d’autres sont uniquement en français. Les photos de Patricia Lefebvre montrent les paysages (menacés) d’eau et de forêt dans lesquels vivent les innus, ainsi que des scènes où plusieurs générations se côtoient. Un bel accord entre images et poèmes. Vous pouvez vous faire une idée du travail de Patricia Lefebvre sur son site.
J’ai choisi deux poèmes assez différents (trop difficile de n’en choisir qu’un !)
La vie d’un innu
Dans la vie d’un innu
Il y a deux chemins se défilant devant lui.
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Le premier est tracé
Par des pas d’hommes qui ont passé avant lui,
Ce chemin est lourd car il est profond en peines et en joies aussi.
Il prendra ce chemin pour évoluer dans l’environnement où il vit.
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L’autre chemin est invisible.
Il est tracé par la lumière de la vie.
Il peut y accéder par la force de son Mishtapeu.
Ces deux chemins sont reliés quelque part dans le monde où nous vivons
Et dans le monde des esprits où nous voyageons par nos rêves.
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Quand les deux chemins se rejoindront, à ce moment-là,
L’Innu se retrouvera lui-même.
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(Photo trouvée sur le site http://www.saguenaylacsaintjean.ca)
Née de la pluie
Je suis née de la pluie et de la terre
J’ai grandi dans l’insouciance de mon enfance
Tu es fait de cendres et de poussières
Où te mènera donc ton inconscience ?
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Je suis née de larmes et de rêves
Toute ta triste vie n’est qu’illusion
Maintenant je fais une longue trêve
Avant de te rejoindre dans ta prison.
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Je suis née de sons et de musique
Avec le rythme du tambour ancestral
Qui capture tout silence cynique
Et réchauffe ce froid théâtral.
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Je suis née plein d’étoiles dans mon ciel
Elles illuminent ma vie qui parois se fait sombre
Elles donnent à ma vie un goût de miel
Plus jamais, je ne serai qu’une ombre.
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Rita MESTOKOSHO, Née de la pluie et de la terre, Photographies Patricia Lefebvre, Collection « Passage des arts », Editions Bruno Doucey, 2014
Une semaine au Québec avec Marilyne (merci de m’avoir accompagnée, je n’ai pas envie de revenir !) qui vous présente ce dimanche un poème de Jean Désy.
Mina nous accompagne avec une belle page de Joanne Morency.
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