Big Sean « Dark Sky Paradise » @@@½
Sagittarius Laisser un commentaireBig Sean ne pourra pas faire pire que Hall of Fame, mais il ne fera sans doute jamais mieux que ce troisième album Dark Sky Paradise. Vous ne rêvez pas, j’ai mis @@@½ à un album de Big Sean, ce serait un miracle s’il n’y avait pas d’explication à cela. Pourtant le rappeur de Detroit pas n’a pas changé depuis ses deux premiers albums : il joue à fond la carte du swag du mec déjà riche qui n’a jusqu’ici pas franchement démontré l’étendu de son talent (paraît qu’il en a). Alors qu’est-ce qui a changé?
Les deux premiers disques de Big Sean contenaient beaucoup de productions de No ID, et maintenant que le mentor de Kanye s’est totalement effacé, Dark Sky Paradise grimpe plus haut dans mon échelle de préférence. Paradoxal? Il n’y a pas que des raisons purement subjectives. La première raison n’est pas d’ordre musicale mais à son importance : Big Sean est managé par Roc Nation. Il y avait une place de libre depuis que Wale a mis un terme avec le management prodigué par la boîte de Jay-Z (rap game chaises musicales). La seconde raison est que Kanye s’est pour une fois un peu plus investi pour son poulain qu’il ne l’a jamais fait auparavant (un seul featuring sur Finally Famous et pis c’est tout). Cette fois Yeezy signe sur trois instrumentaux : « All Your Fault » où il scande triomphalement « I’m the new Ye/ People say that I’m the closest to Mike since Janet », le single « I Don’t Fuck With You » (la seconde partie soulful c’est lui) et « One Man Can Change the World » avec la présence de John Legend. Automatiquement trois des meilleurs titres de l’album.
La troisième raison est que Big Sean a fait appel aux producteurs en vogue, particulièrement l’inévitable DJ Mustard. Qui lui même crée la surprise. Sa prod pour « IDFWU » est efficace il faut le reconnaître, avec son pianotage habituel. Big Sean balance un refrain à l’image de la prod, c’est-à-dire simple et efficace, et faire appel au légendaire E-40 est une très bonne idée. C’est Mustard qui co-produit (avec Key Wane) également « I Know » (feat Jhene Aiko) et « Deep » (avec un long couplet Lil Wayne), en changeant de registre. Preuve que le producteur (lui aussi signé chez Roc Nation) peut se renouveler. « Paradise » apporte une touche trap avec sa prod de Mike Will Made It et le récent single « Blessings » est catalysé par le refrain imparable de Drake. Je ne parle pas de « Play No Games« , sans aucun doute mon titre préféré avec son sample du groupe culte Guy qui laisse rejaillir ces inénarrables saveurs de r&b 90s. Chris Brown et Ty Dolla Sign sont exemplaires dessus, ils posent comme il faut. Là encore un choix d’instrus et de featurings éclairé, bien qu’un peu incohérent
Et Big Sean dans tout ça? Disons qu’il ne s’est pas amélioré point de vue MCing. L’auto-proclamé lyriciste a juste effacé ses principaux défauts : moins de punchlines foireuses et plus de muscle dans son flow. Mais toujours pas de vraie performance sur un beat bien pêchu qui lui permettra un jour d’être considéré parmi le lot des tueurs de Detroit que sont Royce Da 5’9, Guilty Simpson et compagnie. Sean qui espérant voir Eminem sur son album… c’est pas demain la veille. Son flow est trop polymorphe pour lui attribuer un style spécifique et en plus il se met à chantonner comme Drake… Ses intonations agaçantes lui permettent d’être identifiable. Ses thèmes de prédilections sont invariables depuis Finally Famous, à savoir les nanas et son succès qu’il illustre à coup d’égotrip, dont « Dark Sky (Skyscrappers)« , sorte de réinterprétation personnelle de « Started From the Bottom » de Drake, suivi plus tard de « Paradise« . En fait si, il y a eu un axe d’amélioration : Big Sean a réalisé quelques progrès sur la conception de ses morceaux.
Quelques mots pour terminer brièvement cette chronique sur les bonus tracks, au nombre de trois, parmi lesquelles je retiens spécialement « Research » avec sa jeune petite amie Ariana Grande. Parce que bon, j’ai pas fini de me moquer de Big Sean.