L’Art de la Fugue // De Brice Cauvin. Avec Laurent Lafitte, Agnès Jaoui et Benjamin Biolay.
L’Art de la Fugue a failli ne jamais sortir au cinéma et l’on aurait alors loupé ce plan d’Elodie Frégé nue en haut d’un escalier, prête à (se faire) sauter dans les bras de Nicolas Bedos. Cela aurait très bien pu être un téléfilm de seconde zone, je n’aurais probablement pas vu la différence car dans les niveaux d’écritures de ce film, il manque cruellement de tout un tas de choses. L’histoire part souvent dans tous les sens sans que l’on ne sache à quoi se raccrocher réellement. En effet, le film ne parvient pas à trouver ses marques et au bout du coup, quand il se termine, on ne sait même pas quoi en penser car la déception se lit sur le visage du téléspectateur. L’Art de la Fugue s’inspire avant tout d’un roman de Stephen McCauley et bien que cette chronique familiale est une inspiration semble t-il potable (je n’ai pas lu ce roman mais apparemment il est sympathique), le film ne décolle jamais. J’ai eu énormément de mal à cerner les personnages et ce qu’ils voulaient bien nous raconter car on passe assez souvent du coq à l’âne sans trop savoir où est-ce que cela peut bien courir. Tout au long, les personnages qui avaient tous un truc intéressant, deviennent l’ombre d’eux mêmes et assez insipides.
Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis... Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie... Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera-t-il dans les bras d’Ariel ? Trois frères en pleine confusion... Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou ... échapper à ses responsabilités ? C’est là tout L’Art de la Fugue...
Quel dommage donc d’avoir voulu gâcher de tels personnages dans une telle histoire manquant cruellement de malice. Le pire des personnages est probablement celui de Benjamin Biolay. Ce dernier est tout simplement apathique, ennuyeux et tout ce qu’il y a de plus indigent. L’écriture manque donc ici le coche et le film ne décolle donc jamais autour de ce personnage. Ensuite, nous avons celui de Laurent Lafitte, un homosexuel qui ne sait pas trop dans quelle direction faire aller son personnage qui est probablement la meilleure pub vivante pour le TGV Paris - Bruxelles qu’il puisse exister. C’est simple, le personnage n’arrête pas de faire des aller-retour et cela devient très rapidement lassant car il n’y a aucun but. Dès qu’il arrive à Bruxelles il repart et vice-versa, sans trop savoir ce qu’il veut faire de sa vie. Alors certes, le but de L’Art de la Fugue est aussi de se questionner sur ce que l’on a envie de faire dans sa propre vie et s’il est bien utile de faire tout ça sauf que non, cela ne fonctionne pas aussi bien que prévu. Et je ne parle pas du personnage de Nicolas Bedos qui n’est qu’une excuse pour avoir d’autres histoires pour remplir un peu ce film car il ne sert strictement à rien.
On se retrouve alors avec un film particulièrement plat qui échoue lamentablement de partout où il tente d’être intéressant. Les dialogues veulent tout dire dans les moindre détails sauf que ce n’est pas un roman et qu’il n’y a pas toujours besoin de mot pour décrire ce que l’on peut voir. Ainsi, L’Art de la Fugue est donc un film assez laborieux qui garde un attrait mignonet grâce à un casting qui a envie de nous faire plaisir. Mais quand le scénario n’y est pas, à quoi bon ne direz vous. En tout cas, je ne comprends pas du tout où est-ce que Brice Cauvin voulait réellement aller car il n’y est pas aimé. En tout cas pas du tout dans le bon sens. Je comprends donc qu’il ait autant galérer pour sortir son film. On peut saluer sa persévération qui prouve que l’on peut, par la force, arriver à faire un film de ce genre là comme ceci. Quand j’ai lu le résumé pour la première fois, je me suis dis que je serais motivé pour aller voir ce film en avant première, histoire de rencontrer Elodie Frégé et finalement, je ne regrette pas du tout de ne pas y être allé car je n’ai rien loupé. J’aurais été épuisé par un film qui avait tout pour séduire et qui se prend un mur.
Note : 2/10. En bref, ennuyeux et raté malgré des prémices pourtant prometteuses.