Du Rome du 17ème siècle, on connaît le clinquant, le riche, le beau, le parfait. Le Petit Palais s’intéresse au côté obscur de la force. Le sale, l’insolent, le violent et l’ignoble. L’exposition plonge le visiteur dans une ambiance de débauche. Ici, les personnages qui ornent les murs aux couleurs sombres du Musée des Beaux-Arts sont des gueux, des prostitués, des diseuses de bonne aventures, des brigands, des ivrognes. Le petit peuple romain, trivial, plein de vices et sans vertu.
On découvre une cinquantaine de tableaux (collection privée) datant du 17ème siècles, signés par des artistes français, espagnols, italiens ou hollandais : Claude Lorrain, Jan Miel, Sébastien Bourdon, Leonaert Bramer, Bartolomeo Manfredi, Jusepe de Ribera, ou encore Pieter van Laer. Ces peintres, venus des quatre coins de l’Europe peignent la misère et la violence, la débauche et l’alcool des tavernes, mais loin de le rendre ignobles, ils lui donnent un côté mélancolique et sublime.
On y croise Bacchus, que l’on célébrait dans de fastueuses cérémonies, des sorcières à la beauté fatale, des scènes de brigandages, des musiciens miséreux, bref avec cette exposition conçue par Annick Lemoine et Francesca Cappelletti, on découvre un monde obscur certes, mais fascinant. Des scènes de la vie quotidienne à la taverne, des musiciens fatigués et usés, des mendiants au regard triste, une sorcière au visage défiguré par la terre, une scène de prostitution dans la Rome fabuleuse, un Bacchus malade saoulant un aubergiste. Il y a cette prédominance du clair-obscur, des yeux et postures mélancoliques, une violence dans le trait. Absolument fascinant.
Du 24 février au 24 mai 2015. Plus d’informations sur le site du Petit Palais.