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un mari, une maîtresse, une naissance...

Publié le 07 mars 2015 par Dubruel

d'après L’ENFANT (1882) de Maupassant

Après avoir longtemps juré

Que jamais il ne se marierait,

Jacques de Pontavis

Avait soudain changé d’avis.

Étendu sur la plage,

Il regardait les jolies baigneuses

Marcher le long du rivage.

(On le disait viveur et sensuel.)

L’une d’elles, Dorothée Laniel,

Sans doute plus voluptueuse,

Retint son attention…

Qui se transforma vite en passion.

Il demanda sa main. Mais avant d’accepter,

Les parents de Dorothée hésitaient,

Retenus qu’ils étaient

Par la vilaine réputation

De Jacques et en particulier

Par sa dernière liaison.

Jacques promit de se ranger.

Le soir des noces, les jeunes mariés

S’étant retirés du bal de bonne heure,

Savouraient leur bonheur

Quand on frappa à leur porte.

Une femme de chambre accorte

Remit à Jacques un pli

Qu’il lut aussitôt…Saisi de peur,

La peur mystérieuse des brusques malheurs,

Timidement, il dit :

-« Ma chérie,

C’est…c’est mon meilleur ami…

Il a besoin de moi de façon fortuite,

Permettez-moi de m’absenter…

Je reviens tout de suite…

Enfin…sans tarder. »

Jacques se précipita dans l’escalier.

Dans la rue, il relut le papier :

’’ Mademoiselle Marie Besse,

Votre ancienne maîtresse,

Vient d’accoucher d’un enfant

Qu’elle prétend

Être de vous. Elle risque de mourir

Et vous implore de venir.

Elle est digne de pitié,

Croyez-moi. Docteur B. Garnier.’’

Une demi-heure après,

Jacques était introduit par la servante

Dans la chambre de la mourante.

Malgré les soins, l’hémorragie continuait.

Elle reconnut son amant.

Et haletant, elle lui dit :

-« Je vais mourir, mon chéri.

Ne me quitte pas maintenant,

Pas avant mon dernier moment. »

-« Sois tranquille, je vais rester. »

-« Je n’ai aimé que toi.

N’abandonne pas notre fils, promets-le-moi. »

-« Je te le jure ; je vais l’élever. »

Elle tendit ses lèvres pour l’embrasser

Puis demeura immobile sur son lit.

Le médecin déclara : -« C’est fini ! »

Jacques prit le bébé dans ses bras

Et rentra.

Dorothée courut à lui :

-« Qu’y a-t-il ?

Dites, qu’y a-t-il ? »

Lui, l’air fou, répondit : -« Il y a…

Il y a …

Que j’ai un enfant.

Sa mère…vient de mourir. »

Puis, sans plus rien dire,

Il confia le bébé

À Dorothée

Qui balbutia :

-« Sa mère est morte, vous dites ? »

-« Oui, dans mes bras, tout de suite….

J’avais rompu depuis…Je ne savais pas…

…C’est le médecin qui…m’avait écrit. »

-« Eh bien, nous l’élèverons, ce petit ! »

Affirma Dorothée

D’un ton décidé.


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