Il semble désormais acquis avec une douloureuse certitude que l'immense Michael Mann n'est plus que l'ombre de lui-même. Précédemment à même de concevoir une tragédie miniature grandiose à l'intérieur d'un concept de série B ( Collateral), le réalisateur signe avec Hacker la mort d'une signature.
Son expérimentation numérique ne présente aujourd'hui plus aucune saveur parce qu'elle s'intègre au sein d'un récit conçu au mépris du bon sens. Si l'on veut bien faire fi de certaines incohérences et d'une traque mondiale conçue avec un sérieux plombant, il s'avère délicat d'éviter des personnages conçus en un bloc, avançant mécaniquement jusqu'à un climax d'une grande prévisibilité.
Privilégiant désormais la forme, Mann se montre tristement incapable d'insuffler la tension nécessaire à sa course-poursuite. Les espaces parfois cloisonnés qu'il investi sont sur-cadrés et montés avec une frénésie qui n'était pas l'apanage de ce sniper de l'image. Pire, la réutilisation fatiguée de ses figures fétiches (amour impossible, fusillades brutes...) ne deviennent ici que vitrines à une oeuvre qui ressemble à une commande. Triste moment pour le cinéma.
Hacker sort le 18 mars 2015