Magazine

Pourquoi le Malawi est-il si pauvre?

Publié le 06 mars 2015 par Unmondelibre
Version imprimableVersion imprimable Pourquoi le Malawi est-il si pauvre?

Il y a quelques jours, la plupart des Malawiens ont été choqués de lire le dernier classement de la Banque mondiale présentant le Malawi comme étant l'un des pays les plus pauvres en Afrique. Personnellement, je n’étais pas surpris parce qu’un tel classement reflète assez bien la réalité du Malawi. Beaucoup de gens ont reçu ce classement comme une mauvaise nouvelle.

L'histoire du Malawi est très triste bien que nous soyons un pays pacifique. Nous sommes heureux de n’avoir jamais eu de guerre civile. Nous nous réjouissons de vivre en paix dans l'harmonie, mais plusieurs de nos compatriotes vivent encore avec moins d'un dollar par jour. Nos citoyens ne peuvent toujours pas accéder à de bons soins médicaux. Nos diplômés traînent encore dans les rues à la recherche d’emplois.

Chaque année, les citoyens du Malawi attendent que le gouvernement leur fournisse différentes subventions : des subventions pour l’agriculture, pour le carburant, l'électricité, le fer. Nous exigeons des subventions pour presque tout. Cela a créé trop de dépendance envers le gouvernement ce qui a réduit la créativité de beaucoup de gens dans ce pays. Chaque année, les gens comptent sur les subventions, qu’ils en aient besoin ou pas.

Ces mauvaises habitudes réduisent la créativité et incite à la paresse. Par exemple, beaucoup de gens font beaucoup d'enfants et les donnent à leurs parents et oncles afin de les élever. Est-ce sérieux? Pourquoi quelqu'un devrait porter le fardeau de l'éducation d’enfants dont les parents existent ? Nous produisons des enfants et nous fuyons nos responsabilités, mais nous voulons que les enfants accèdent à une éducation de qualité et aient un bon niveau de vie. Quel paradoxe!

Chaque année, notre gouvernement présente un budget avec plus de 80% de ses affectations destinées uniquement à la consommation. Chaque fois que le ministre des finances présente un budget à l'Assemblée nationale, on nous dit que nous voulons acheter ceci, nous voulons acheter cela, etc. La plupart de l'argent est dépensé pour des choses qui n’apportent pas de valeur ajoutée au pays. Cela explique la faiblesse de la production. Comment pouvons-nous produire beaucoup de biens et services lorsque nous refusons d'investir ? Comment quelqu'un peut gagner un revenu supplémentaire quand il dépense son revenu futilement ? C’est pourquoi nous nous mettons toujours à genoux devant les donateurs afin de pouvoir bénéficier de leur générosité. Nous en sommes venus à dépendre uniquement de l'aide pour subvenir à tous nos besoins.

Notre système d'éducation nous a formés pour être des demandeurs d'emploi et non pas des créateurs d'emploi. Il n’est pas surprenant que la plupart de nos diplômés soient dans les rues à la recherche d’un emploi. Un emploi que nous ne pouvons pas leur garantir qu'ils le trouveront parce que nous ne l’avons pas créé. Si vous interpellez de nombreux jeunes dans les écoles primaires et secondaires du Malawi ou même des universités, ils vous diront : « Je travaille dur dans la classe pour après mon diplôme avoir un emploi et gagner beaucoup d'argent ». Très peu vous diront  « Je travaille dur à l'école pour que je puisse créer une société et produire des biens et services destinés à l'exportation, et employer un grand nombre d’autres personnes ». C’est ce que notre système d'éducation nous a appris, et je crains que cela puisse se perpétuer pendant les nombreuses années à venir. 

Si notre gouvernement ne réalise pas la nocivité des subventions, la situation perdurera. Le gouvernement, à travers le ministère des finances et de la planification économique, doit mettre en place une stratégie qui favorise la production plutôt que la consommation. Dans l’attente, nous demeurerons un pays pauvre.

Chacun de nous doit balayer devant sa porte et son arrière-cour pour avoir un Malawi propre. Il faut que nous comprenions que notre prospérité en tant que nation dépend de la prospérité financière personnelle de chacun de nous en tant qu'individus. Que c’est la condition pour espérer voir ce pays bouger vers de plus hauts sommets. Nous devons cesser de tout attendre de l’État et prendre en main notre avenir.

Les gens de ce pays doivent se rendre compte que ce sont les individus qui doivent s’efforcer de créer une vie meilleure. Ce sont les entrepreneurs qui assument les risques qui viendront avec de nouvelles idées, solutions et des possibilités bénéfiques pour la société.

Peter Yakobe est le directeur exécutif du Centre pour Free Enterprise Market au Malawi, et est également directeur régional des African students for Liberty en Afrique australe – Article initialement publié par African Liberty. Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 06 mars 2015.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unmondelibre 432241 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog