John Perry est un philosophe et essayiste américain qui, comme beaucoup d'autres, souffre d'un mal pénible : la proscrastination. Cela consiste à sans cesse remettre au lendemain le travail à effectuer. Il ne s'agit ni de flemme, ni de manque d'organisation, mais d'un comportement à la fois pénible pour autrui et surtout, source d'une grande culpabilité pour ceux qui en souffrent. Voici un petit bouquin qui nous apprend à contourner le problème avec humour et légèreté.
Contourner le problème !
Attention, ceci n'est pas un livre de self-help ni une méthode miracle pour vous mettre au boulot d'un coup de baguette magique. Il s'agit d'un essai drôle et caustique où l'auteur se prend comme sujet d'étude puisqu'il est en effet un procrastinateur accompli. Souvent, les personnes qui - comme l'auteur et comme votre grenouille ici présente - évitent soigneusement de faire ce qui est prioritaire, arrivent en parallèle à accomplir de nombreuses autres tâches.
Ce qui apparaît de prime abord comme de la paresse est en réalité, une incapacité chronique à se plier au dead line, à traiter en premier l'urgence et, en final à faire ce qu'on doit ABSOLUMENT faire. John Perry nous expose son concept de « procrastination structurée » et détaille les ruses pour réussir avec ce comportement problématique. Il s'agit avant tout de mettre en place une gigantesque arnaque : le procrastinateur doit mettre tout en haut de la liste d'urgence une tâche qui va le motiver à faire toute les autres, moins importantes ; il s'agit d'un jeu de dupe et de mauvais foi qui étonnemment, fonctionne !
Vivre avoir soi-même et avec humour
Si la manœuvre est cocasse, voire franchement ridicule de prime abord, cela reste une solution valable et une alternative rapide à un travail introspectif pour comprendre les raisons de cette attitude handicapante. John Perry ne se limite pas à proposer cette supercherie, il analyse les comportements qui accompagnent la procrastination comme une tendance au perfectionnisme et un mode d'organisation horizontal (l'amour des piles !).
Avec humour et dérision, John Perry explique les difficultés qu'un procrastinateur rencontre au quotidien (comme le piège du surf sur le web) et donne une série de trucs et astuces pour contourner les problèmes : par exemple de composer une playlist musicale de morceaux qui donnent de l'énergie et du cœur à l'ouvrage.
Certains de ses conseils sont particulièrement percutants et malins. Jamais il ne se pose en gourou et plusieurs fois encourage le lecteur dans une démarche d'introspection si ses travers de procratinateur lui génère trop de souffrances.
"Ne jamais remettre au lendemain ce qu'on pourrait faire le surlendemain" Mark Twain
Le bouquin de Perry ne replace pas une thérapie, cependant, sous des atours de grosse blague, son analyse intelligente permet d'amorcer une réflexion sur le problème et aussi d'ajuster ses habitudes et attitudes pour « vivre » et surtout « travailler » avec des personnes affligés de ce défaut. En tant que proscratinatrice chronique depuis ma petite enfance, je peux sincèrement dire que cet ouvrage m'a aidé, et surtout, m'a fait rire à gorge déployée.
J'ajouterai que la traduction française est de qualité, le ton du texte original est parfaitement rendu, on retrouve l'humour débonnaire qui rend les anecdotes désopilantes. C'est vraiment un livre que je conseille vivement à tout ceux qui ont « du mal à s'y coller » et qu'on taxe à tord de flemmard. John Perry, avec justesse et intelligence, nous réconcilie avec nos travers. Quand il les transforme en atouts, avec une mauvais fois flagrante, il nous encourage en à mieux nous connaître, à vivre avec nous-même, nous simplement.
Un avant goût du texte :
http://elisetitane.canalblog.com/archives/2009/04/13/13362334.html
Plusieurs podcasts :
http://tracks.arte.tv/fr/la-procrastination-structur%C3%A9e-la-glandouille-productive
Le site de John Perry sur le sujet (en anglais) :
http://www.structuredprocrastination.com/Copyright : Marianne Ciaudo