Je ne sais pas vous, mais personnellement, s'il y a bien eu ces dernières années une affaire judiciairo-politique à laquelle je n'ai pas compris grand chose, c'est certainement affaire Clearstream tant cette affaire de mécanisme financière et bancaire qui mouillait aussi les hommes politiques était des plus complexes vus ces dernières années dans les faits divers.
Du coup, l'idée d'aller voir au cinéma un film qui a pour objectif de décortiquer, sous forme de fiction cette affaire était forcément excitant.
D'autant plus que ce film est réalisé par le cinéaste Vincent Garenq, un metteur en scène ayant déjà adapté avec une certaine réussite un fait divers judiciaire très médiatisé, a forte portée politique avec le très bon Présumé Coupable qui était centré autour d'Alain Marécaux, un de accusés à torts de l'affaire d'Outreau.
Scénarisé en collaboration avec Denis Robert, l’auteur du livre autour de la sulfureuse affaire, L’Enquête se présente avant tout comme l’histoire de l’homme. En effet, savoir comment Denis Robert joué par un surprenant et convainquant Gilles Lelouche, fut broyé par le système qu'il attaquait semble finalement plus intéresser Vincent Garenq que la raison de son combat même.En voyant L'enquete, on ne peut s'empecher de penser aux grand film du genre comme Les hommes du Président ou les films de Sindey Lumet, et on apprécie que le cinéaste ait choisi d'en faire un vrai thriller nerveux et rythmé, loin du documentaire qui sur un sujet comme cela aurait semblé ennuyeux et trop dense.
Si cette affaire est malheureusement encore loin d'être éclaircie (ce qui est rare avec le cinéma qui a tendance à filmer avec beaucoup de recul), et que la justice a également échoué (provisoirement?) à juger les affaires, elle illustre bien l'absence de moralité de certains milieux économiques et politiques hélas toujours en place.
Le film suit pas à pas et avec un vrai souci de réalisme l'enquête du journaliste dans sa croisade contre la corruption internationale avec "pour seul allié ou presque , le juge financier Renaud Van Ruymbeke.
Les personnages sont nommés, souvent connus , et la ressemblance physique est poussée quasi à son maximum, avec des incarnations quasi-parfaite (Charles Berling épatant en Juge Van Ruimbecke ou Laurent Capelluto étonnant en un Imad Lahoud, personnage mystérieux qu'on aurait encore voir davantage...)
L'enquête à cette qualité de nommer les personnages par leurs vrais noms, ce qui rend sa lecture encore plus claire et compréhensible.
Seul Gilles Lelouche ne ressemble pas vraiment à Denis Robert du moins physiquement, mais il reste parfaitement crédible dans ce rôle de journaliste entrainé dans un combat à la Don Quichotte, bientot dépassé par les fils de la pelotte qu'il soulève un à un.
Ce qui est vraiment louable avec L'enquete et on ne peut que remercier Vincent Garencq pour cela, c'est qu'à la fin du film ( si on s'est bien accrochés tout de même, mais c'était mon cas en le voyant) , on peut dire qu'on a enfin saisi les tenants et aboutissants de cette histoire, et cela, c'était loin d'être gagné sur le papier.
Un des belles illustrations que le cinéma français peut parfois marcher avec succès sur les plates bandes du cinéma américain...
Bande-annonce : L'enquête