Magazine Culture

Indétectable

Publié le 06 mars 2015 par Lecteur34000
Indétectable

" Indétectable "

PANCRAZI Jean-Noël

Mady, sans-papier malien, vit depuis dix ans en France. Tributaire des petits boulots très mal rétribués. Toujours sur le qui-vive lorsqu'il erre dans les rues de Paris. Jusqu'à cette veille de 14 juillet où il se fait arrêter dans les couloirs du métro lors d'un " banal " contrôle d'identité. Le narrateur connaissait Mady. Il lui avait apporté un peu d'aide, accueilli, écouté, aidé matériellement parfois. Et ce narrateur est choqué, blessé, éprouvé, meurtri par la disparition du jeune homme qui lui confia ses rêves, ses espoirs, qui lui parla de celles et ceux qu'il avait laissés en Afrique, de l'enfant pour lequel il avait effectué le long voyage afin que ses lendemains à lui puissent chanter un peu. La blessure est béante. Elle ne peut évidemment pas se refermer.

Il est exceptionnel qu'un roman français aborde de manière si humaine, si fraternelle à la destinée des migrants. Il est exceptionnel qu'un roman français fasse entendre la colère, l'indignation face au traitement infligé par nos sociétés aux damnés de l'autre terre, la terre d'Afrique. Une colère, une indignation portées par une écriture qui ne concède rien aux facilités ordinaires. Un roman dont le Lecteur souhaite, espère qu'il ne sera pas confiné dans l'oubli.

" Ils se laissaient emmener avec cette part de sourire de dignité, comme s'ils étaient, eux aussi, des voyageurs un peu perdus, qui arrivaient de la Riviera, d'un coin d'Italie, et qu'on orientait à plusieurs vers cette ville qu'ils ne connaissaient pas, où ils arrivaient pour la première fois ; Paris, ce serait juste un immense hall de gare qu'ils traversaient très vite, encadrés de très près comme s'ils avaient volé ou tué, presque soulagés quand ils étaient pris, enfoncés dans l'ombre d'un fourgon, dans la nuit de ce qu'on appelait " la chambre ", sans être frappés ni vraiment méprisés ; ne sachant pas qu'ils faisaient partie, avec les putains et les vendeurs de crack, des " cas élucidés ", que ce n'était pas pour eux la peine de faire une longue enquête pour parvenir à la vérité, qu'ils allaient permettre aux policiers qui les avaient arrêtés d'obtenir, à la fin du mois, la prime de mérite, les félicitations de toute la hiérarchie pour les opérations fructueuses menées sur les quais de Bercy avec, à la clef, la remise de médailles à chacun dans le commissariat... "


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lecteur34000 10711 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines