Du 30 mai au 22 juin à Strasbourg et alentours- Au retour de longs voyages en Orient, Voix et Route Romane s'attache pour sa 16e édition à replonger au plus profond de ses racines ; racines d'une terre où le Rhin tisse des liens, unit des peuples, redevient le fleuve trait d'union qu'il fut tout au long du Moyen Age. Entre mythes et Histoire, au fil du Rhin, entre XIIe et XVe siècle: une promenade musicale. Par monts et par vaux, aux multiples détours de la Route Romane d'Alsace.
(Présentation des organisateurs);" Nous ferons chanter les pierres pour entrer dans cette culture rhénane millénaire et vous permettre de suspendre le temps...
D'une berge à l'autre du Rhin, nous irons à la découverte des œuvres des Minnesängers héritiers des troubadours et des trouvères, des chants profanes emprunts de poésie et d'humour mais aussi des expressions populaires, de la spiritualité et bien sûr d'oeuvres raffinées, témoignages des multiples expressions du sacré. Nous vous invitons également à vous laisser surprendre par des associations nouvelles aux arts de la danse contemporaine, aux arts de la table et du bien vivre ensemble en toute convivialité.
Le Festival Voix et Route Romane développe en 2008 ses propositions en deux mouvements l'un printanier, l'autre automnal :
Au temps des jardins, les musiques profanes, populaires et festives répondent à des aspirations plus mystiques pour évoquer la musique courtoise, l'incarnation et l'amour au temps des cloîtres, la musique devient véhicule de l'âme et nous emporte dans le champ du sacré
Dualité toute relative du profane et du sacré : l'homme du Moyen Age en fait-il vraiment la distinction ? Il porte en lui la conviction d'appartenir à un seul et même univers reliant toutes les créatures. Sa perception du monde forge la clef qui nous ouvre une nouvelle porte, sur le pas de laquelle nous accueille Hildegard von Bingen. Le Moyen Age apparaît alors comme une époque lumineuse, à contre courant des idées reçues !
Femme de son temps, cette moniale de renom était herboriste, pratiquait la poésie et bien sûr exprimait sa sensibilité dans des compositions musicales que nous aurons le plaisir de redécouvrir. Mystique, savante ou musicienne que n'a-t-on dit ! Hildegard est d'abord prophétesse. Elle témoigne d'une expérience singulière du Mystère de la Création. Ses visions sont imprégnées par son siècle mais les nombreux textes parvenus jusqu'à nous ne se limitent pas à la récapitulation d'un corpus savant, ils sont davantage une transposition d'images inspirées pour affronter les questions les plus sensibles. Aussi, l'Empereur, le Saint-siège ou encore Saint Bernard de Clairvaux entretenaient-ils des correspondances avec Hildegard et respectaient sa parole.
Hildegard von Bingen nous parle du monde et de Dieu d'une manière très personnelle. Sa vision est un message universel, hors du temps, hors des frontières de nos religions. Elle incarne ce trait d'union entre terre et ciel qu'il nous plait d'aborder à travers notre trilogie. Entre Histoire, Musiques et Patrimoines, la Saison 2008 du Festival Voix et Route Romane brillera de mille Lumières Rhénanes.
(Sélection Relatio sur le site de Voix et routes romanes)
REPERES
"«Regarde-toi : tu as en toi le ciel et la terre"
"Dieu a crée l'homme comme une merveilleuse pierre précieuse, dans laquelle se mire toute la création"
"Le croyant qui ne macère pas sa chair par une abstinence appropriée, qui la nourrit de vices et de concupiscences, assimile la graisse des péchés, et, en face de Dieu, il devient un rebut putride".
"L'âme est symphonique; de même que la parole désigne le corps, la symphonie manifeste l'esprit, car l'harmonie céleste annonce la Divinité et la parole annonce l'humanité du Fils."
Hildegarde de Bingen, née le 16 septembre 1098 à Bermersheim (Hesse) et décédée le 17 septembre 1179 à Rupertsberg (près de Bingen), était une religieuse bénédictine et une mystique allemande.Dixième enfant d'une famille noble très croyante, elle fut consacrée au Seigneur dès son plus jeune âge. À l'âge de huit ans, elle entre au couvent des bénédictines de Disibodenberg sur le Rhin, dans le diocèse de Mayence, pour son instruction sous la tutelle de Jutta de Sponheim. Elle prononce ses vœux perpétuels et reçoit le voile monastique des mains de l'évêque Otto de Bamberg, vers l'âge de quatorze ou quinze ans.
Hildegard von Bingen est l'une des personnalités les plus marquantes de la 'renaissance' du XIIème siècle.Sujette à des visions dès son plus jeune âge et plus tard grande mystique, elle deviendra non seulement moniale, puis abbesse, mais également médecin, écrivain, poétesse, musicienne et prédicatrice.
Ses visions, qu'elle consigne dans trois ouvrages admirés de saint Bernard de Clairvaux et du pape Eugène III, nous révèlent un monde en mouvement perpétuel, infini, plus proche de celui de la physique moderne que de la conception figée traditionnelle du Moyen-Age. Plusieurs instituts médicaux en Europe se réclament aujourd'hui de la médecine douce d'Hildegard.
L'un des concepts centraux de sa pensée est celui de viriditas: à la fois "verdeur et vigueur, force germinatrice et créatrice, fécondité de la terre et souffle vital" (Catherine Schroeder). La "viridité" revient souvent dans ses poèmes et anime la musique qu'elle a écrite sur ces textes.
Lorsque Jutta meurt en 1136, Hildegarde est élue abbesse de Disibodenberg, à l'âge de 38 ans.Elle commence à 43 ans à consigner ses visions, qu'elle a depuis l'enfance, dans le Scivias (du latin sci vias Dei « sache les voies de Dieu »). En 1147, elle fonde le monastère de Rupertsberg.
L'approbation du pape Eugène III lors d'un synode réuni à Trèves fin 1147 - début 1148 encouragea Hildegarde à poursuivre son activité littéraire. Elle achève le Scivias, composé en 1151. Puis elle écrit le Liber vitae meritorum entre 1158 et 1163 et le Liber divinorum operum entre 1163 et 1174. En 1165, elle fonde le monastère d'Eibingen.La plupart de ses écrits sont réunis dans un grand livre (le Riesencodex) conservé à la bibliothèque régionale de Hesse à Wiesbaden en Allemagne. Bernard de Clairvaux lui-même lui a assuré que ses visions étaient grâces du ciel.
Originaire de la petite noblesse du Palatinat, elle entre au monastère bénédictin de Disibodenberg à l'âge de huit ans. Elle rédige là une partie de son oeuvre, reconnue au Concile de Trèves en 1147, puis le quitte en 1150 avec d'autres moniales pour fonder un monastère à Bingen, sur le Rhin, où elle restera fixée jusqu'à la fin de son existence, le quittant de temps à autre pour des voyages de prédication.
LA MUSIQUE:77 SYMPHONIES
Pour Hildegard, selon sa correspondance, la musique est la forme la plus élevée de toute activité humaine, miroir de l'harmonie des sphères et des choeurs angéliques.
Elle compose durant sa vie 77 symphoniae, pièces musicales écrites sur ses propres poèmes religieux et destinées à être chantées lors des cérémonies du couvent. Ces oeuvres plongent leurs racines dans le plain-chant du Bas Moyen-Age germanique, genre qui partage l'esprit et les formules du chant grégorien traditionnel, mais s'en distingue par des audaces et des ruptures fréquentes, des mélismes très développés, un rapport plus étroit au texte et une utilisation symbolique des modes.
Ces éléments sont exacerbés dans l'écriture d'Hildegard, qui apporte des formules personnelles, un sens nouveau de la vocalité et fait de ses oeuvres de véritables visions en musique. Les motifs reviennent sans cesse, en perpétuelle mutation, jamais figés, envoûtant l'auditeur par leur fluidité et leur force.
EN RELIEF
Le traité de médecine Liber vitæ meritorum
Régine Pernoud, dans sa biographie d'Hildegard, (Hildegarde de Bingen, Paris, Éditions du Rocher, 1995, page 87), affirme que celle-ci avait fait l'hypothèse, quatre siècles avant Michel Servet (dans sa Christianismi restitutio, 1553) et William Harvey (qui en apporta la preuve définitive en 1628 dans Exercitation Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus), que le sang circule dans les veines et les artères sous l'impulsion du cœur. Cela peut sembler étonnant, quand on sait les résistances farouches que rencontra Harvey, à une époque où l'expérimentation et la recherche étaient assurément plus répandues qu'à l'époque d'Hildegard.
La conception du corps humain communément répandue au XIIᾉ siècle était encore celle des Grecs. Aux quatre éléments du monde physique, le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre correspondaient quatre humeurs corporelles : la bile jaune, le sang, le phlegme et la bile noire, et chacune de ces humeurs produisait les caractères complémentaires de chaleur, de sécheresse, d'humidité et de froid. Les maladies étaient expliquées par un déséquilibre dans les rapports entre les humeurs. Cette conception survit encore de nos jours dans des expressions comme être de bonne humeur, souffrir de mélancholie (bile noire) ou demeurer flegmatique. La médecine consistait donc à rétablir un équilibre harmonieux entre les humeurs, au moyen de boissons à base de plantes ou d'autres préparations contenant les éléments manquants ou au contraire, à en diminuer la trop grande quantité. Ainsi, la pratique de la saignée se maintiendra jusqu'à la fin du XIXe siècle. Mais là où Hildegard a réellement innové, c'est dans sa description de la sexualité féminine et de la fécondation, toujours en rapport avec la santé.
Quand elle fait l'amour avec un homme, la chaleur dans le cerveau de la
femme, qui procure la sensation de plaisir, se transmet aux sens et déclenche
chez l'homme l'expulsion de la semence. Quand la semence s'est logée à
l'endroit prévu, c'est la chaleur intense du cerveau qui la retient. Les organes
de la femme alors se contractent. Les organes sexuels, qui sont ouverts pendant
les menstruations, sont maintenant fermés, tel un poing serré.
- Audrey Ekdahl. Hildegardis Curæ et Causæ (1173), Medieval Inst., Michigan, 1992.
Bien que religieuse, Hildegard montre une tournure d'esprit dégagée de toute fausse pudeur. Fait assez exceptionnel dans sa profession, elle décrit les phénomènes physiologiques entourant la sexualité du point de vue de la femme. Cette description de l'orgasme féminin est sans doute la première que nous possédons, sauf erreur. Hildegard était en avance sur son époque aussi dans le fait qu'elle insiste longuement sur la propreté des instruments et des ustensiles, et sur la qualité des produits, qui servent à confectionner les simples et autres médicaments.
(Selection relatio sur le blog de François et Gilles)
BINGEN-AM-RHEIN
Bingen-am-Rhein, se trouve en Rhénanie-Palatinat (Allemagne), regroupe 24 710 habitants sur une surface de 38 km² et est située sur la vallée du Rhin, à l'embouchure de la Nahe qui divise la ville.
La cité retrace avec son château, son centre historique et ses vignobles, onze siècles d'histoire vivante et humaine dans un paysage naturel intimement lié aux légendes. Depuis des siècles, Bingen-am-Rhein influence les écrivains, les peintres et les compositeurs, comme la mystique Hildegarde de Bingen, surnommée la « visionnaire de Rupertsberg », première femme indépendante du Moyen Âge allemand, sans oublier Clemens Brentano, (1778-1842), poète majeur du romantisme allemand, qui composa des poèmes sur le Rhin, (Auf dem Rhein ; Lore Lay) ainsi que Guillaume Apollinaire inspiré par La Loreley, (1902) ; Nuit rhénane, (1902) ; Mai, (1913) ; et Rhénane d'automne (1913).
Bingen-am-Rhein a l'avantage, de posséder une splendide vue du Rhin, d'où l'on peut apercevoir le vignoble et les ruines du château Assmannshausen ainsi que la petite tour blanche Mäuseturm se trouvant sur l'île située au milieu du fleuve semblant régler comme une bouée le trafic des péniches et des chalands. Une visite s'impose à l'église principale et en traversant le Rhin à l'aide d'un bac la visite du château du Katz se trouvant sur les hauteurs de Rüdesheim, ville encore plus magnifique chargée d'histoire.
Le site de la ville:
La Mäuseturm de Bingen (littéralement la tour aux Souris de Bingen) est une tour située sur une île du Rhin à hauteur de la ville de Bingen. Elle fut construite au XIIIe siècle pour servir de tour de guet pour le château du Ehrenfels, en rive droite du fleuve
GASTRONOMIE MEDIEVALE
Relais Oswald von Wolkenstein
Un autre personnage sur la route de ce 16e festival. Est-il symétriquement opposé à Hildegard von Bingen ou simplement l'autre versant d'une même humanité ? Oswald von Wolkenstein, chevalier né au Tyrol, diplomate-voyageur entre XIVe et XVe, était par plaisir et distraction, un poète talentueux. Les chansons d'Oswald dépeignent un monde coloré, rustique et tumultueux. Mais, comme Hildegard von Bingen, Oswald von Wolkenstein est attentif au monde, à sa beauté, aux passions qui l'animent, à la place que l'Homme peut y prendre.
Hildegard nous parle d'un monde sacré - Oswald nous parle d'un sacré monde !
Et pourtant, tout a sa place puisque profane et sacré ne font qu'un. C'est pourquoi, le Festival 2008, vous propose en périphérie de tous les concerts un espace de convivialité et d'échanges : le Relais Oswald von Wolkenstein. Inaugurée à Lucelle puis à Epfig, notre proposition gastronomique vous permettra de vous restaurer avant et après les concerts de boissons et de petits plats médiévaux nés de la rencontre de Daniel Zenner et du Relais de la Ferme du Château de Dachstein.
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