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Le garçon qui ne parlait pas, par Donna Leon

Par Mpbernet

Toujours la belle lumière d'automne de Venise, ses étroites venelles et son Grand Canal ...

Une histoire presque insignifiante : la mort, vraisemblablement naturelle, d’un homme dans la quarantaine, sourd, muet et légèrement handicapé mental. Paola et Guido le connaissent depuis des années car il donne un coup de main au pressing où ils déposent leurs vêtements. La mort de Davide les émeut, même si elle ne donne pas lieu, a priori, à enquête officielle. Guido Brunetti va chercher à savoir comment ce garçon en est venu à se suicider aux barbituriques.

garçon

Cependant, à part l’adresse de sa mère où les services d’urgence sont venus le chercher, on ne sait rien de lui. Il n’a pas de papiers – sa mère prétend qu’elle a été cambriolée mais n’a pas signalé ce fait à la police – et même l’efficace signorina Elettra ne parvient à retrouver aucune trace de cet homme dans les fichiers administratifs : ni certificat de naissance, ni carte de sécurité sociale, ni titre de pension, ni passeport … rien. Ce garçon n’existe pas. Comment cela est-il possible à l’heure où chacun laisse de multiples traces de son existence ?

Le commissaire Brunetti va mener son enquête personnelle avec l’aide de sa collègue Claudia Griffoni. Personne en veut parler  - l’omerta n’est pas une spécialité napolitano-sicilienne - et surtout pas la mère du jeune homme. Quel lourd secret recèle-t-elle ? Comment se fait-il qu’elle n’ait conservé aucun document de son fils et taise l’identité de son père.

Evidemment, il s’agit d’une sombre histoire de famille, de jeune employée tombée enceinte de son riche patron et élevant seule son enfant handicapé. L’histoire d’un être désespérément seul, sans relations avec quiconque, emmuré dans sa surdité et jamais soutenu dans son éducation. Car sait-on vraiment s’il fut attardé mental ? Si seulement on avait pris en charge ses difficultés, si on lui avait appris à communiquer avec son environnement ? Seul, le médecin de sa mère qui l’a soigné à de rares occasions, va révéler à Guido Brunetti un élément étonnant.

Pour une fois, Donna Leon ne s’attarde pas trop – un tout petit peu tout de même - sur la corruption endémique qui règne en Italie. Elle se penche sur la détresse humaine, la violence intrafamiliale donnée, subie et transmise, cachée sous le vernis de la religiosité, sur la cupidité ordinaire et l’ignorance de la plus élémentaire tendresse humaine, l’indifférence de tous devant la maltraitance puisque dans le quartier où vivait le jeune Davide, tout le monde savait …

Une histoire cruelle et pleine d’humanité, qui se termine par une lueur d’espoir : les deux jeunes collaboratrices du commissaire, Elettra et Claudia, qui étaient à couteaux tirés au début de l’enquête, finissent par se trouver des affinités de compétences, et on découvre les talents innés du jeune inspecteur Pucetti … Autant de pistes pour de nouvelles aventures.

Le garçon qui ne parlait pas, thriller de Donna Leon, traduit par Gabriella Zimmermann, chez Calmann-Lévy 285 p. 21,50€


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