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La saison de l'ombre - Léonora Miano

Publié le 04 mars 2015 par Stéphanie @Stemilou

La saison de l'ombre - Léonora MianoEditions Grasset, 2013

 « Si leurs fils ne sont jamais retrouvés, si le ngambi ne révèle pas ce qui leur est arrivé, on ne racontera pas le chagrin de ces mères. La communauté oubliera les dix jeunes initiés, les deux hommes d’âge mûr, évaporés dans l’air au cours du grand incendie. Du feu lui-même, on ne dira plus rien. Qui goûte le souvenir des défaites ? »
 

Présentation

Nous sommes en Afrique sub-saharienne, quelque part à l’intérieur des terres, dans le clan Mulungo. Les fils aînés ont disparu, leurs mères sont regroupées à l’écart. Quel malheur vient de s’abattre sur le village ? Où sont les garçons ? Au cours d’une quête initiatique et périlleuse, les émissaires du clan, le chef Mukano, et trois mères courageuses, vont comprendre que leurs voisins, les BWele, les ont capturés et vendus aux étrangers venus du Nord par les eaux.


Dans ce roman puissant, Léonora Miano revient sur la traite négrière pour faire entendre la voix de celles et ceux à qui elle a volé un être cher. L’histoire de l’Afrique sub-saharienne s’y drape dans une prose magnifique et mystérieuse, imprégnée du mysticisme, de croyances, et de « l’obligation d’inventer pour survivre. »

Elles l’ignorent, mais cela leur arrive au même moment. Celles dont les fils n’ont pas été retrouvés ont fermé les yeux, au bout de plusieurs nuits sans sommeil. Les cases n’ont pas toutes été rebâties après le grand incendie. Regroupées dans une habitation distante des autres, elles combattent de leur mieux le chagrin.

Avis

Le roman débute après l’évènement terrible qui a secoué le village, un incendie s’est déclaré tard dans la nuit et des hommes de la tribu qui ont disparu. Ils ne sont pas morts, ils ont disparu. Dans ce village les mères des disparus sont mises à l’écart pour éloigner le chagrin et le mauvais œil du reste de la tribu. Leur peine est cruelle et l’incompréhension terrifiante.

Le jour durant, elles ne disent rien de l’inquiétude, ne prononcent pas le mot de perte, ni les noms de ces fils que l’on n’a pas revus.

Au début on ignore où l’on se trouve exactement et à quelle période, l’histoire se déroule en Afrique Subsaharienne dans le clan Mulongo, et le roman discute de la traite négrière et du rôle que d’autres africains auront dans ce trafic d’êtres humains, leurs semblables livrés à un autre peuple. Ce qui est intéressant dans ce récit est que la parole est donnée a ceux qui restent, se demandant où sont passés les leurs, ces fils qu’ils ne reverront jamais.

De plus aux moments tragiques se mêlent une lutte du pouvoir entre chefs qui divise encore plus le clan, la vérité se fait jour sur les circonstances de ce drame. L’esclavage se fait connaître.

Inspiré par un rapport de Lucie-Mami Nkaké, La mémoire de la capture, l’auteure nous parle d’esclavagisme, de croyances et de traditions, de ces superstitions qui peuvent guider un clan patriarcal vers sa perte, et de comment l’amour d’une mère peut pousser celle-ci à franchir toutes les barrières.

Un roman poignant.

Lu dans le cadre du Challenge Les anciens sont de sortie

et du Challence Emprunts de livres

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