Près de deux mois après les attentats de janvier, après lesquels les cotes de popularité des politiques sont parties à la hausse, le niveau de confiance envers les différentes personnalités revient pour la plupart à un niveau plus habituel. Qu’en est-il aujourd’hui du Premier Ministre actuel et plus largement du couple exécutif ?
Manuel Valls, un Premier Ministre qui se distingue du Président
Manuel Valls et François Hollande pâtissent toujours d’un niveau de confiance faible dans l’opinion (respectivement 46 % et 32 % en février, soit une différence de 14 points entre les deux hommes). La popularité du locataire de Matignon est, en février, semblable à celle du début de son mandat ministériel (mai 2014). En revanche, la popularité actuelle du locataire de l’Elysée a chuté de 22 points depuis mai 2012.
Le mois de février a été un temps politique fort avec l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution dans le cadre du vote de la loi Macron, d’obédience social-libérale. Si la méthode employée est fortement décriée par certains membres de la majorité et de l’opposition, ce recours est également désapprouvé par les 2/3 des Français (63 %) mais par seulement 1/3 des sympathisants socialistes (34 %), contre 74 % de désaccord auprès des sympathisants de droite d’après le sondage Odoxa pour I-Télé. Malgré le débat sur la loi Macron, qui a ravivé les divisions au sein de la famille socialiste à un mois des élections départementales, Manuel Valls semble avoir fait face dans l’opinion à cette période de débats. La stabilité de sa popularité, le soutien dont il bénéficie à gauche et les traits d’images qui lui sont attribués témoignent du caractère relativement indolore de l’événement pour le personnage politique.
Promoteur de la loi Macron et personnage central de la scène politico-médiatique de ces derniers temps, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, à l’image du Premier Ministre, n’a pas pâti, lui non plus, d’un déficit de confiance : 41 % des Français accordent leur confiance à au ministre de l’Économie (contre 43 % en janvier). Les querelles occasionnées lors du vote de cette loi ont davantage affecté la famille politique que l’image dans l’opinion des deux protagonistes du moment. À la recherche d’hommes politiques dynamiques, incarnant et défendant des convictions politiques, les Français semblent retrouver ces aspirations aussi bien chez Emmanuel Macron que chez Manuel Valls. Parmi les Français qui déclarent faire confiance à l’actuel Premier Ministre, on retrouve les attributs d’un homme politique volontaire, énergique, déterminé, faisant preuve de fermeté et d’autorité au sein du gouvernement. Cette posture le distingue de François Hollande qui porte, aux yeux des Français qui le critiquent, les traits d’un homme en manque de charisme présidentiel, continuant à porter le fardeau du chômage. En outre, les Français indiquant ne pas faire confiance au Premier Ministre le perçoivent trop dans l’ombre du Président, mais surtout peu fidèle aux valeurs socialistes au profit des valeurs social-libérales. Cette critique se retrouve notamment chez les frondeurs socialistes, comme en attestent les derniers débats parlementaires au sujet de la loi Macron.
Un Premier Ministre social-libéral
On note effectivement une certaine force de séduction du Premier Ministre à droite de l’échiquier politique : 37 % des sympathisants de droite (dont 25 % de l’UMP et 12 % du FN) affirment faire confiance au responsable politique. Le Président ne rassemble, de son côté, que 13% de la confiance à droite. En se rapprochant de la droite, Manuel Valls parvient également à se rapprocher du centre : plus de la moitié des sympathisants du MoDem indique faire confiance au Premier Ministre (55 %, contre 26 % pour le Président de la République).
À gauche, les ¾ des sympathisants de cette famille accordent leur confiance au Premier Ministre (74 %) contre 72 % pour François Hollande. Manuel Valls est talonné de près par une des ténors de la Gauche, Martine Aubry (65 %). L’écart entre ces deux personnalités s’accroît néanmoins au sein des sympathisants du Parti Socialiste (74% contre 61% de confiance respectivement pour Manuel Valls et Martine Aubry). À la différence du Président, la confiance envers Manuel Valls ne se restreint donc pas à sa famille politique originelle.
En déplaçant les lignes politiques de gauche vers des valeurs sociales-libérales, le Premier Ministre Manuel Valls ne va-t-il pas finir par marcher sur les pieds de l’homme qui, à droite, cherche à s’émanciper des logiques partisanes au profit d’une grande famille politique, Alain Juppé ?
Données issues du baromètre de confiance dans l’exécutif et les principales personnalités politiques d’Harris Interactive – Février 2015