Ce petit livre d’une centaine de pages réussit le tour de force de nous raconter l’histoire de la Turquie contemporaine et la prise de conscience politique d’une petite fille puis d’une jeune femme. PinarSelek, née en 1971 à Istanbul, raconte par petites touches son enfance et son éducation dans une Turquie nationaliste très proche d’une dictature. Très tôt « l’insolente petite fille turque » se pose la question : « pourquoi les petites arméniennes de son écoles sont-elles si discrètes, si silencieuses, si invisibles ? »
Son engagement sera total auprès de cette communauté, auprès des oubliés et jusqu’en 2009, date de son arrivée en France, PinarSelek n’aura de cesse d’interpeller les dirigeants de son pays sur la reconnaissance du peuple arménien de Turquie et de son génocide. Elle fut l’amie de HrantDink, militant arménien rédacteur en chef du journal bilingue turc/arménien Agos, assassiné en 2007 par un nationaliste turc de dix-sept ans.
Emprisonnée, torturée, accusée à tort d’un attentat, elle sera contrainte à l’exil. En 2015 le génocide arménien aura cent ans, cette page noire de l’Histoire turque est toujours taboue.
Sociologue, militante féministe et pacifiste, PinarSelek nous livre un récit intime et poignant sur ses combats de femme engagée et citoyenne du monde. Ce livre formidable est nécessaire pour comprendre la Turquie d’aujourd’hui, il nous donne, en plus envie, de nous plonger dans « La maison du Bosphore » son premier roman paru en 2013.