Sur les maladies

 Ces jours-ci, plusieurs personnes m'ont demandé si l'éveil permettait de guérir des maladies ou de les éviter.

Je suis navré de répondre que non. L'éveil ne garantit absolument pas une vie sans maladies. Le corps est soumis aux lois du monde, où vivent les virus, les bactéries, les cellules cancereuses etc. Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj avaient tout à fait conscience de leur vraie nature et sont pourtant morts de cancer.

Croire qu'il est possible de vivre avec un corps toujours en bonne santé est une illusion. La vie est faite d'obstacles, de problèmes et de difficultés. Rien n'est plus culpabilisant que de croire que la maladie est de sa faute.

"Parfois nous sommes malades et parfois nous sommes en bonne santé. Mais être malade et être en bonne santé est notre pratique. Parfois nous sommes malades et parfois en bonne santé. Parfois il fait chaud; et parfois il fait froid. Quand il fait froid, vous devriez être un bouddha froid. Quand il fait chaud, vous devriez être un bouddha chaud. Quand vous êtes malade, vous devriez être un bouddha malade. C'est tout. Pas de secret." (Source )

Suzuki Roshi.(Merci à Jean-Louis pour la citation)

Si nous sommes malades, eh bien pratiquons en étant malade! Cette pratique consiste à garder conscience de la vacuité qui accueille le monde, c'est-à-dire tout ce qui est.

D'ailleurs ces difficultés nous renforcent dans notre pratique; elles nous poussent à chercher en nous la paix la plus profonde.

Une amie,Christelle, me disait que la douleur rétrécit notre monde. Mais en voyant qui nous sommes, en découvrant l'espace immense, la douleur n'apparait plus que comme un phénomène dans l'espace; elle n'occupe plus tout l'espace, elle a de la place. Notre vision s'élargit, notre être s'agrandit.Ainsi, voir sa vraie nature permet d'accepter plus sereinement ce qui arrive. 

C'est simple, oui, mais pas toujours facile, je le sais par expérience, surtout pour de fortes douleurs. Mais c'est alors ce qui nous est donné. Pas de secret.

Ne rajoutons-on pas la souffrance psychologique à la douleur physique. Dire non à ce qui arrive vient inutilement rajouter un désarroi émotionnel à la douleur du corps.

D'ailleurs la douleur peut devenir notre enseignante, car elle a la capacité de nous ramener à l'instant présent; elle pointe toujours vers ici et maintenant. Et cet instant présent s'ouvre sur l'infini.

Et puis, être malade permet aussi d'éprouver de la compassion pour tous les êtres qui souffrent ; la maladie attendrit notre coeur... jlr