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Ce que j'ai aimé :
Au manoir de Silverue, dans la campagne irlandaise, tous se préparent pour l'arrivée du fils aîné de la famille, John, de retour d'un séjour dans une maison de repos. Ainsi la famille sera réunie au grand complet : Olivia, prête à illuminer la maison de sa jeunesse qu'elle veut éternelle, refusant de vieillir, Julian qui se contente d'évoluer dans l'ombre de sa femme, Sheena, jeune femme davantage occupée par ses échappées romantiques que par le retour de son frère, Markie, 7 ans, jeune garçon qui aime tyranniser son entourage en jouant de sa gueule d'ange. Est conviée également à ces retrouvailles Eliza, l'amie de toujours, célibataire sans enfants. Dans les coulisses, Miss Parker, la gouvernante du domaine oeuvre, bien souvent isolée.
L'équilibre de ce petit univers de la noblesse d'entre-deux-guerre est ténu, chacun prend conscience qu'à tout instant tout peut basculer. La santé mentale des uns et des autres ne tient qu'à un fil, et un micro-évènement peut faire vaciller l'ensemble d'une pichenette.
"Elle referma la porte de la salle d'étude et alla à la fenêtre ce qui était chose dangereuse quand on a une tendance au vague désespoir. De nouveau, l'atmosphère singulière de l'automne remplissait le soir comme un bol. L'air était lourd et tranchant, changé, et semblait monter la garde. C'était là, derrière la fumée des feux. derrière les fleurs d'automne, guindées et charnelles. Derrière l'atténuation du vert de l'été. Mais même sans tout cela, cet intervalle fatal, cet intervalle excitant aurait existé." p. 245
Le désespoir rôde autour de la belle demeure, il est presque palpable, tant les faiblesses sont latentes. Les bals, tournois de tennis, et fêtes de charité ne cachent que temporairement les failles des personnages. La nature offre néanmoins un bel échappatoire à tant d'ambiguïté.
"Il y avait des fleurs sauvages sur les îles, des oeillets marins, du thym et bien d'autres, un air doux et de petits sentiers tracés par Dieu sait quoi, comme des passages de renard à travers les fleurs duveteuses, mais où étaient les renards ? Des rochers couverts de lichen, des pierres blanches, des oiseaux blancs et des touffes de thym qui faisaient comme des ressorts sous les pieds. Les îles sont tellement romantiques et préservées. Personne ne le sait." p. 145
Dans cette chronique familiale, les liens humains sont subtilement décrits, ceci grâce à une finesse d'écriture, et à une clairvoyance dans la psychologie des personnages qui illuminent ce récit.
Ce que j'ai moins aimé :
- Rien, je suis conquise, prête à lire d'autres romans de l'auteure !
Informations sur le livre :
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D'autres avis :
Fragiles serments, Molly Keane, traduit de l'anglais par Cécile Arnaud, Editions Quai Voltaire, 2012, 290 p., 21 euros