En 2011, l’association Handisup de Haute-Normandie, soutenue par la fondation d’entreprise Terre Plurielle, crée le projet SIMON, du prénom du premier étudiant autiste Asperger suivi par l’association. Unique en France, il vise à favoriser l’insertion professionnelle des étudiants autistes Asperger[1] ou de haut niveau. Simon Beck, job coach du projet, témoigne.
À 28 ans, Simon Beck, critique littéraire, fait une rencontre bouleversante : Anne, huit ans, autiste Asperger. « Dotée d’une intelligence remarquable, Anne ne parvenait pas à décoder les messages qui lui arrivaient, ni à adresser en clair ses propres messages à son entourage », révèle-t-il. Ces problèmes d’interactions sociales, sensoriels et temporels[2] remuent Simon. Sa reconversion commence.
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En 2011, il croise le chemin de l’association Handisup de Haute-Normandie qui aide les étudiants en situation de handicap. De cet échange nait le projet SIMON, qui vise à accompagner les étudiants autistes Asperger dans leur cursus universitaire et l’obtention de leur premier emploi.
« Ces jeunes réussissent brillamment leurs études, mais ils n’ont pas l’accompagnement nécessaire pour intégrer le milieu professionnel »,
précise Simon Beck. Il devient alors le premier job coach pour autiste Asperger de France, un interlocuteur privilégié pour les étudiants, les enseignants et les entreprises. Ses missions : accompagner les étudiants autistes Asperger dans leur recherche de stage et d’emploi, former les collaborateurs des entreprises aux spécificités de l’autisme, organiser une journée de pré-accueil et suivre l’évolution des étudiants. Après trois ans d’existence, plus de cinquante jeunes ont été accompagnés et quarante ont trouvé un stage ou un emploi.
« Ces jeunes sont étonnants, ils ont une grande culture générale et excellent dans un domaine précis »,
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indique Simon. Il raconte le nouveau passe-temps de Quentin, étudiant en Lettres, qui retraduit du latin au français les 37 volumes des Histoires Naturelles de Pline l’Ancien parce qu’il estime que la traduction originale ne rend pas compte de toutes les subtilités du texte. Il se souvient aussi de Maxime, étudiant à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées), qui a impressionné son maître de stage par ses capacités intellectuelles mais qui ne parvenait pas à rédiger son rapport de stage parce qu’il ne connaissait pas la police de caractère à utiliser.
« Les autistes Asperger se concentrent sur des détails et se réfugient dans une routine pour ne pas être submergés par la « cacophonie » de l’environnement, raconte Simon. Ils ont besoin qu’on leur donne des consignes et un cadre. »
Avant, il se demandait s’il réussirait à convaincre ses interlocuteurs, mais aujourd’hui il ne se pose plus la question. « Mon seul souci c’est le temps », confie-t-il. Avec 53 jeunes à accompagner au quotidien, Simon reste pourtant optimisme quant au devenir de ce nouveau métier en France.
[1] Le syndrome d’Asperger est un trouble neurologique qui affecte les fonctions du cerveau. Les patients, dotés de capacités intellectuelles surprenantes, ont des difficultés de communication et d’interaction sociale.
[2] Cinq minutes peuvent avoir la même valeur que trois heures pour un autiste.