… oui, mais quel zinc ! …
Effets pervers de la crise ? Désir confus d’un certain retour aux sources ? La Cuisine comme refuge à l’instabilité ambiante ? Un peu de tout ça sûrement. A Paris, quand un mouvement démarre, pointe le bout du nez, c’est la ruée en l’espace de quelques mois.
Une shop de sushis ? Une tous les 50 mètres aujourd’hui. Un truck of food ? Une vingtaine quelques semaines plus tard. Un vrai faux bistrot, des plats de grand-mère, à l’ancienne, populo parigo, comme avant ? Des dizaines et des dizaines. Alors, trions, élaguons, évitons les trop faux et les opportunistes, gardons le bon grain et virons l’ivraie. Simplicité, efficacité, volonté du bon, savoir faire et un cuisinier en cuisine.
Juste le Zinc, c’est ça. Il réunit tous les ingrédients mais avec talent et une sincérité à frémir de bonheur. Et, il y a Alain Hacquard, un vrai chef comme on les aime qui peut vous faire une terrine, des œufs en meurette, des fonds de veau, des desserts, bref un cuisinier qui sait faire et qui fait bien.
Justement, les Oeufs en meurette à la bourguignonne, il les travaille à base de pinot noir, un fond de veau préparé par ses soins et avec amour, résultat on a un des meilleurs de la capitale.
La Terrine d’échine de porc aux figues est rustique à souhait, généreuse, un poil sèche mais les petits choux-fleurs en pickles servis avec ravivent le tout.
Généreuse aussi, l’Aile de raie meunière, beaucoup de beurre fondu, brunoise à base de poivrons, un peu vinaigrée pour l’équilibre, et accompagnée d’une magnifique purée de pommes de terre (charlottes), goût et texture au rendez-vous. Beau plat.
En dessert, parmi baba, et île flottante, le chef propose une sorte d’ovni tout simple, genre familial pour les enfants, qu’il appelle Chantilly de semoule. On ne se méfit pas, ça arrive ressemblant à un riz au lait, mais non. C’est doux, moelleux, de la semoule cuite puis battue avec de la crème fouettée, le tout parfumé à la fleur d’oranger, entouré d’un court coulis de framboises pour donner un peu d’acidité, surtout les framboises en cette saison. C’est d’un délicat étonnant, laiteux, agréable à ne plus s’arrêter. Comme quoi, les évidences sont souvent évidentes.
La salle est mignonne, pas bouleversante mais sympathique avec son grand bar tout du long. Le chef travaille dans une cuisine cagibi ce qui ajoute à son mérite. L’accueil est nature et aimable par les deux propriétaires en rupture de ban qui ont l’air tout content de réussir leurs envies. La carte est courte, il y a un plat du jour à 15 €, ce jour-là Boudin poêlé aux deux pommes, et quelques propositions supplémentaires le soir.
Juste le Zinc ? Oui, mais quel zinc !
Juste le Zinc25, rue de Turin
75008 Paris
Tél : 01 43 87 44 84
[email protected]
M° : Europe
Fermé dimanche
Plat du jour : 15 € avec un verre de vin et un café
Carte : 40 € environ