Notre mère – Koren Zailckas

Publié le 13 février 2015 par Marylin Millon @leboudoirlitt

ZAILCKAS, Koren. Notre mère. Belfond, 2015, 448 pages, 21,50 €.

L'histoire :

Violet et Will sont les deux enfants d'une fratrie de trois, dont l'ainée a disparu un an auparavant. Père fuyant, un tantinet alcoolique, cadette à la dérive internée en hôpital psychiatrique, fils de douze ans autiste et, surtout, une mère effrayante dans ses comportements avec les membres de sa famille.

Ce que j'ai apprécié :

- Le postulat de base est très intéressant et promet un développement intense : celui de la mère sociologiquement instable. L'auteur va loin dans la psychologie de ce personnage franchement étonnant et rien n'est fait pour lui trouver des excuses. Au fur et à mesure de la lecture, je me suis posée mille questions sur cette femme, sur ce qu'elle était capable de faire ou non, sur son comportement très sincèrement terrifiant. Car, je ne sais pas si on peut qualifier ce roman de polar : c'est plutôt un drame, selon moi. Mais seule le soir dans mon lit, je vais avouer que j'ai eu une bonne poussée de frayeur à la lecture de certains passages.

- J'ai trouvé le système de narration top, car il alterne entre le point de Will le petit frère et Violet la fille cadette de seize ans. C'est à travers ces deux personnages que l'on découvre l'omniprésence nuisible de la mère de famille. Deux individus très différents et qui, pourtant, ont cela en commun qu'ils réagissent chacun d'une manière tout à fait singulière face aux agissements de leurs parents.
Le problème de Will, c'est l'autisme et les crises d'épilepsie qui le contraignent à ne plus être scolarisé mais à rester continuellement chez lui en compagnie de cette mère qu'il idolâtre de tout son être.
Le problème de Violet, c'est qu'elle a touché à la drogue et qu'un trou noir l'empêche de se souvenir de la soirée où sa mère l'accuse d'avoir littéralement poignardé son petit frère. Résultat : séjour en hôpital psychiatrique.
Et puis bien sûr, Rose, cette jeune femme qui a fui son foyer où elle ne trouvait plus l'estime maternelle qu'elle avait essayer de gagner durant toute sa jeunesse.

- La fin est franchement intéressante, notamment concernant le personnage de Will et ce que l'on imagine clairement qu'il va devenir. C'est criant de vérité et cela fait beaucoup réfléchir. Finalement, c'est ce personnage-là qui m'a le plus touché dans cette histoire. Peut-être parce que c'est le plus jeune et le plus torturé au fond ?

- Et, parce que le point fort de ce roman est le panel de personnages présentés, que dire de Joséphine, la mère de famille ? Une personnalité très complexe qui se révèle tout au long de l'histoire, avec une apothéose à la fin. Elle est psychologiquement très bien construite. Et je dois avouer que même si ce livre me faisait très envie, je ne m'attendais pas à trouver ce type de personnage et à autant être happée dans ce récit.

Ce que j'ai moins/pas apprécié :

- Le personnage qui m'a le moins plus, c'est le père, qui est une sorte de chiffe-molle complètement dépassé par sa femme et dont il ne supporte plus l'emprise. Pourtant, pas de réaction ! Ni pour lui, ni pour ses enfants. Mais enfin, il s'inscrit néanmoins assez bien dans le récit, donc pas un gros point négatif non plus.

En bref ?

Une lecture qui m'a agréablement surprise car je ne m'attendais pas à trouver un drame familial aussi profond, avec des personnages très bien construits psychologiquement parlant. J'ai lu ce livre avec avidité car il m'était difficile de le lâcher tant j'avais hâte de connaître les aboutissants de cette histoire.
Si l'auteur écrit d'autres livres, je les lirais sans hésitation.