Il est des musées que tout le monde connaît… seulement de nom. Certains les ont visités avec l’école ou les grands-parents, par une après-midi d’hiver froide et maussade. Mais c’est tout.
Indéniablement, le musée de la Marine, occupant une aile du Palais de Chaillot, en fait partie.
Et pourtant, nous devrions tous y courir tant les pièces présentées sont de toute beauté. Bien entendu, le thème est vaste, très vaste et il serait impensable et impossible de couvrir l’ensemble de l’histoire maritime mondiale, ni même celle de la marine française. Cela dit, en quelques grandes et hautes salles, le visiteur peut découvrir tout un patrimoine méconnu.Trois grandes catégories d’œuvres sont exposées : des tableaux de marine, des maquettes et des objets. Le musée s’attache surtout à faire découvrir aux visiteurs la période allant du XVIIe siècle au début du XXe siècle. La marine française de la deuxième moitié du XXe siècle est abordée rapidement, avec une salle dédiée à l’aéronavale et quelques maquettes de bâtiments contemporains (le Charles De Gaulle et le Chevalier Paul par exemple).
Les peintures navales : vous pourrez admirer par exemple de nombreuses grandes œuvres de Joseph Vernet, le papy d’Horace, ou plus proche de nous de Félix Ziem ; les sujets sont variés : paysages, tempêtes, ports (Brest, Bordeaux, Cherbourg, Toulon, mais aussi Mers-el-Kébir), batailles navales nombreuses, peintes de manière très réalistes, des portraits de hauts personnages, etc…Les maquettes : elles sont très nombreuses. De véritables bijoux de minutie et de précision. Cela va des pirogues monoxyles polynésiennes aux 118 canons de la Royale, véritable plate-forme d’artillerie quasi insubmersible (un seul de cette classe « périra » en mer), en passant par les galères du XVIIe siècle et la Santa Maria de Christophe Colomb – qui, à la même échelle, paraît ridiculeusement petite comparée aux trois mats des périodes ultérieures. A noter également une maquette (réalisée quasi en même temps) de la déposition et du transport de l’obélisque de la Concorde.
Et puis il y a les « vrais » objets : on est ébloui par le canot d’apparat de Napoléon Ier – c’est sans doute l’un des plus vieux bateaux encore en état existant en France. Quelques mètres plus loin, c’est au tour de la Réale, la galère royale de Louis XIV, de nous montrer sa poupe : exceptionnel ! Des figures de proue gigantesques (un Charlemagne, un Henri IV de trois mètres de haut) l’encadrent : on se sent tout petits. Et puis, des armes de toutes sortes, les mêmes que dans la série Barbe-Rouge de notre jeunesse : sabres d’abordage, haches, espingoles, pistolets. Et enfin, des objets du quotidien, témoins de la vie très dure des marins de la marine à voile : trousse de chirurgie, vêtements, fanaux. Le musée présente enfin un « fourre-tout » de pièces et de documents sur des thèmes variés : les sous-marins, une lunette de phare, un scaphandrier de grande profondeur impressionnant, un vrai transat des années 1930. On en ressort charmé.Le seul regret : il faut reconnaître que la muséographie est un peu vieillotte et le parcours, pourtant simple sur le papier, est étrange dirions-nous.
Cela dit, cela vaut vraiment le coup. A découvrir en prenant son temps : on apprend beaucoup de choses passionnantes et on voit de beaux objets : que demander de plus ?