[Dolce] ... la première note de cette toute nouvelle contributrice en espérant la revoir très bientôt ici-même.
La société actuelle est tellement paradoxale ! En ce moment, elle idéalise un riche et bel héritier qu'elle qualifie de pervers. Elle encense les fantasmes d'un jeune milliardaire, et crache sur ceux d'un vieux politicien bedonnant, mais en fait où est la différence ? Trente ans et quarante kilos d'écart font du second un vieux malade dégoûtant, et du premier un objet de désir ! Loin de moi l'idée de défendre ou d'excuser les agissements de l'un ou de l'autre, mais je m'interroge seulement sur les attentes de ces êtres qui fantasment sur les pages d'un livre, plagiat d'un autre par ailleurs, qui s'excitent devant un film édulcoré et rempli de clichés, qui cautionnent un certain goût pour la violence faite aux femmes...
En effet, dans ces pseudo objets artistiques, la femme est réduite à son rôle millénaire, celui d'un meuble dont l'homme dispose à son gré, pour son unique plaisir. Elle se soumet aux fantasmes qui sont projetés sur son corps obéissant. Elle assouvit et s'oublie, croyant s'émanciper par le biais d'une sexualité libérée, elle s'aliène finalement.
Où est vraiment l'érotisme aujourd'hui ? Dans cette profusion de seins et de postures racoleuses qui nous assaillent au quotidien ? Qu'est-ce qui fait fantasmer l'humain ? Un fouet ? Un sex-toy ? Les menottes se recouvrent de fourrure rose, les godemichets scandaleux se transforment en petits canards ludiques. Le marketing du sexe est florissant, les gens ont l'impression de lutter contre le puritanisme en lisant des romans, en achetant des gadgets sexuels, mais ils sont de plus en plus déprimés... comme quoi le plastique ne contente pas l'être de chair que nous sommes. Le sexe doit être amusant et accessoirisé : les générations qui nous ont précédées, comme la vôtre Donatien, ont dû sérieusement s'ennuyer avant l'invention des polymères... Intéressant de savoir que l'étymologie du mot plastique renvoie au sens du verbe mouler, nous voilà revenu à notre idée d'obéissance et de soumission. En croyant lutter contre un excès de pudeur, l'humain devient à son tour un objet manipulé par les lobbies marchands, et là on s'éloigne beaucoup de l'idée de liberté que vous avez si souvent défendue dans vos œuvres.
L'art a toujours suscité des émotions, éveillé des désirs, vous en avez payé le prix cher Donatien... mais peut-on parler d'art dans ce cas, ou simplement de racolage ? S'ils tenaient vraiment à découvrir la perversion, les libertins à l'eau de rose, ouvriraient quelques-uns de vos ouvrages, visionneraient certains films italiens, danois ou japonais... et ne se laisseraient pas manipuler et formater de la sorte. Découvrir le pourquoi d'œuvres sulfureuses, c'est essayer de dépasser le scandale ou l'excitation, afin de découvrir le sens profond des idées...
Vos écrits poussaient à libérer les esprits et les corps, pas à les asservir par un marchandisage à outrance du sexe. La jouissance comme une libération et non une aliénation supplémentaire.
je vous embrasse cher Donatien, votre dévouée lectrice.