Les dirigeants du Front al-Nosra, groupe rebelle syrien ayant prêté
allégeance à el-Qaëda, envisagent de rompre leurs liens avec la centrale
jihadiste et de former une nouvelle entité afin d'obtenir le soutien
financier de pays du Golfe comme le Qatar, indiquent des sources au sein
et en dehors du groupe.
Des agents de renseignements du Golfe ont rencontré le chef
d'al-Nosra, Abou Mohammad al-Joulani, plusieurs fois au cours des
derniers mois afin de l'encourager à lâcher el-Qaëda et à discuter du
soutien qu'ils pourraient fournir, disent-elles.
"Une nouvelle entité va bientôt voir le jour, qui comprendra
al-Nosra, Jaïch al-Mouhajirine wal Ansar, et d'autres petites brigades",
déclare Mouzamjer al-Cham, un proche d'al-Nosra et d'autres groupes
islamistes en Syrie. La brigade mentionnée par Mouzamjer al-Cham est un
petit groupe jihadiste composé de combattants locaux et étrangers et
dirigé par un Tchétchène. "Le nom d'al-Nosra sera abandonné. Il se
désengagera d'el-Qaëda. Mais les émirs d'al-Nosra ne sont pas tous
d'accord, c'est pour cette raison que l'annonce est retardée",
explique-t-il.
De source proche du ministère qatari des Affaires étrangères, on
confirme que le Qatar souhaite qu'al-Nosra devienne une force
spécifiquement syrienne sans lien avec el-Qaëda. "Ils promettent à
al-Nosra plus de soutien, c'est-à-dire de l'argent, de l'équipement
etc... une fois qu'ils auront rompu les liens avec el-Qaëda",
indique-t-on de même source.
Le Front al-Nosra est classé par les États-Unis comme une
organisation terroriste et a déjà été sanctionné par le Conseil de
sécurité des Nations unies. Mais pour le Qatar, un changement de nom
lèverait les obstacles juridiques qui empêchent de soutenir
l'organisation.
Grâce à cette aide, le nouveau groupe espérerait se renforcer face à
son concurrent le groupe Etat islamique (EI), dirigé par Abou Bakr
al-Baghdadi, qui a participé à la création d'al-Nosra avant de rompre
avec Joulani. De nombreux chefs et combattants du Front ont alors
rejoint les rangs de l'EI.
En cas de dissolution et de rupture des liens avec el-Qaëda,
l'organisation ne changerait pas pour autant d'idéologie. Joulani a
combattu avec el-Qaëda en Irak et d'autres commandants sont des vétérans
de la guerre d'Afghanistan et sont proches du chef d'el-Qaëda, Ayman
al-Zawahiri.
"Al-Nosra a dû prêter allégeance à Ayman al-Zawahiri pour éviter
d'être obligé de se ranger derrière Baghdadi mais ce n'était pas une
bonne idée, il est temps de l'abandonner. Cela n'a pas aidé al-Nosra qui
est maintenant sur la liste des groupes terroristes", déplore une
source proche d'al-Nosra à Alep.
Source : Lorientlejour