Reçu ce jour le dernier numéro de cette revue trimestrielle qui a définitivement trouvé un style allant bien au-delà des mariages incestueux entre multiples pages publicitaires et pages de facture publi-reportage, mariages si présents dans bien trop de revues, françaises ou autres, qui remplissent les tables basses de chaînes hotelières de luxe et autres cabinets confidentiels :-)
Bon, on l'avoue : on est particulièrement fier de ce qu'a écrit Jean-Luc Barde, page 6, qui a si bien compris ce qu'on fait à Villa d'Este. Les multiples activités de ces 4 journées internationales autour du vin sont décrites avec justesse, et avec un écriture méritant les plus beaux éloges.
Pour 10 euros, vous avez en 178 pages deux sections majeures, à savoir :
- des présentations d'appellations avec, dans ce numéro 20, celles de Pessac-Léognan et celle de Sauternes & Barsac.
- des monographies de grands noms du vin et quelques pages d'actualité du monde du vin.
Comme d'habitude, l'iconographie est superbe et cela permet à chaque lecteur de mettre des visages, des paysages sur des noms de châteaux et domaines que l'on connaît trop souvent que par le nom.
Et toujours quelques monographies sur des hommes du vin, avec, pour ce n° 20, André Ostertag (en couverture), Henri Parent, le fils de Catherine Péré-Vergé qui continue son oeuvre sur Le Gay et La Violette, Claude Chevalier "La voix de Ladoix-Serrigny" que je ne connaissais pas, et Louis-Michel Liger-Belair qui a bien l'intention de continuer à remuer le petit monde de Vosne-Romanée et devrait prendre exemple sur Constance, sa charmante épouse, pour savoir arrondir les angles de la dure vie de vigneron :-)
C'est qu'il est sacrément caractériel cet homme au pedigree impressionnant ! Achtung hein : dans le bon sens du mot. :-)
Mais ce n° restera majeur pour sa présentation d'un grand Monsieur du vin et de sa fille qui prend sa succession : Bruno Giacosa (page 95 à 105). Au Piémont, tout le monde le respecte et n'hésitera jamais à lui décerner le titre amplement mérité de "Pape du Barolo & Barbaresco". Une dégustation de ses vieux millésimes vaut mille discours. On a là, avec ces crus connus mondialement, un exemple parfait de ce qui est décrit par ailleurs comme un "vin de civilisation". Merci à Nicolas pour son édito assez loin - euphémisme - du politiquement correct actuel en la matière (page 22).
Les atrabilaires de LPV qui développent pour François Audouze une passion rarement mise en défaut liront avec gourmandise sa dégustation de La Tâche 1962 et son commentaire sur les difficultés d'approche des crus de la Romanée-Conti.
Enfin, nos visiteurs habitués à Villa d'Este - hasard de ce numéro - auront des informations intéressantes sur les intervenants de deux ateliers-séminaires de notre édition 2015 :
- le couple Bourguignon, Lydia et Claude, "Les Rebouteux de la Vigne" dont les travaux sur les terroirs sont devenus des références. On les a vus en action sur les terres de Podere Forte, en Toscane, où ils n'ont pas hésité à demander au propriétaire de changer ici et là des cépages mal choisis pour la parcelle choisie. Quand on lit :
"Seulement 5 % des vignerons ont un comportement responsable en moyenne en France. En Bourgogne, on atteint 12 %, 10 % en Alsace, 3 % dans la Loire, 2 % en Champagne, 2 % à Bordeaux. Mais la tendance est à une prise de conscience."
… on devine déjà les questions auxquelles ce couple devra répondre…
Alexandre Schmitt, un "nez" du parfum où, dit-il, on peut distinguer plus de 1.500 molécules aromatiques alors que dans le vin, ce ne sera qu'une centaine au mieux… ce qui est déjà pas mal, convenons en. Pour avoir assisté à une séance de travail de ce "nez" étonnant, je suis certain que ce qu'il fera partager aux participants sera un moment tout joyeux face à toutes les bêtises que des gourgandins comme bibi peuvent dire en essayant d'identifier tel ou tel arôme. Un gros bémol pour Philippe Bourguignon, lequel, ce jour là, avait des souvenirs de menthe X ou menthe Y qui étaient assez singuliers ! Il y a quand même des amateurs qui sont des pointures. :-)
On pourra aussi admirer les belles lunettes à l'ancienne de Thomas Duroux, l'âme de Palmer et l'amour d'Olivier Bernard pour les solides vestes en velours, qui vont si bien à ce Président de l'UGCB mais surtout à l'entrepreneur terrien qui développe chaque année une nouvelle branche "vin" à l'arbre familial.
Bon, vous l'avez compris : pour le prix - je crois - de deux paquets de cigarettes, dédiez votre billet de € 10 à cette revue que vous garderez parmi vos autres ouvrages vinophiles.
© Leif Carlsson / Magazine Vigneron
Des esprits chagrins ne vont pas aimer ce type de couverture. Oublions les. Nous préférons y voir, comme avec la Croix devant le climat de la Romanée-Conti, un rappel salutaire du rôle des ordres monastiques dans la création européenne des plus beaux vignobles de la planète. Un point, par ailleurs, mis en avant par Orianne Nouailhac (page 5), éditrice de cette belle revue.
Je cite André Ostertag (page 41) :
"Je suis convaincu de la capacité énergétique du spirituel, de son impact sensible sur la terre, sur le vin."
Ce serait plus qu'intéressant d'écouter, en duo, ce grand vigneron alsacien développant ce point de vue, et Michel Onfray, hédoniste de choc mais assez rebelle aux religions…
Cela ne va pas être si facile à monter, mais bon : quelques belles bouteilles, ça aidera…